Amérique Centrale

Entre le 10/04/05 et le 22/04/05

 

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Trois toutes petites étapes

Tout près du Guatemala, il y a quelques attractions touristiques que je souhaitais découvrir : le reef, les ruines de Copan et de Joya de la Ceren. J'en profite pour avoir un petit aperçu de trois pays frontaliers du Guatemala : le Bélize, le Honduras et le Salvador.

Bélize

Bélize est le plus petit pays d'Amérique Centrale et le moins peuplé (un peu moins de 300 000 habitants). Il a aussi pour caractéristique d'héberger une population noire caraibe importante et d'être le seul pays de la région dont la langue officielle est l'anglais. Cela dit, depuis ma petite visite, je ne dirai plus que c'est un pays noir anglophone car j'ai tout de même croisé une majorité de latino-mestizo-maya. Souvent même les populations caraibes et garifuna parlent espagnol. Cela reste un pays à part, essentiellement vide, où le niveau de vie semble artificiellement plus haut que chez ses voisins, grâce aux revenus de l'industrie du tourisme et certainement également d'industries moins avouables et grâce à l'influence de la parité de la monnaie nationale avec le dollar, qui, une fois de plus, se ressent nettement.

San Ignacio - District de Cayo

Cayo

La nouvelle destination à la mode du Bélize, c'est le district de Cayo, sa jungle et ses ruines (Caracol en tête). Je m'y arrête une petite journée en route entre El Remate et Caye Caulker mais terrassée par la chaleur, je n'ai pas l'âme à découvrir. Je ne trouve pas d'autre énergie que pour déguster des superbes mangues à l'ombre d'un arbre au bord de la riviere. Les prix de visite sont aussi prohibitifs pour les budgets routards et je préfère donc en partir vite et réserver mes jours pour aller au Salvador. Eh oui, il faut désormais que je compte avec parcimonie les jours dont je dispose !

Caye Caulker

Un nouveau bus et me voici à Bélize City, via Belmopan, la capitale invisible, à peine un bon gros bourg français. Bélize City est largement plus grosse (50000 habitants) mais pas vraiment attirante. Sale et en ruine comme la plus part des villes d'Amérique Centrale, le centre se traverse de jour mais le touriste n'a pas spécialement envie de s'y arrêter. Un petit tour en bateau et me voici à Caye Caulker.

Plage Le Split Coucher de soleil Hotel

La barrière de corail qui longe les côtes Bélizeennes est la plus grande au monde après celle d'Australie. Elle est encore à deux kilomètres au large de Caye Caulker, petite île dont le périmetre se parcourt à pied en une quinzaine de minutes et en chariot de golf, le véhicule officiel, et électrique, de l'île, en cinq minutes.

Le temps passe doucement à Caye Caulker. La brise de la mer offre une température presque supportable à l'ombre et c'est déja beaucoup ! De l'hôtel, qui donne sur la "rue" principale, je regarde l'océan et la vue des promeneurs, des bateaux arrimés aux pontons et de la mer est d'un calme extraordinaire.

Et pourtant, je n'arrive pas à me décider à chausser palme et porter tuba. La journée en mer, gluante de sel ne m'attire pas. Les superbes coraux, ça ne sera pas pour moi. Je préfère la joie de me plonger au calme dans mes lectures que j'ai interrompues depuis une semaine de voyages intenses.

Bélize City

Bélize City

Ressourcée après deux jours tranquilles, il est l'heure de repartir. Je reste à peine plus de temps à Bélize City au retour. Je m'offre cette fois le luxe de rentrer sur le Guatemala et Flores en bus touristique, le type de bus où on est un par siege, qui ne s'arrête pas une demi-heure à Belmopan pour le plaisir du chauffeur, qui ne véhicule pas d'animaux ou de colis odorifères, pas vraiment un bus de luxe malgré un prix quatre fois supérieur au prix des bus locaux, mais un petit plaisir tout de même, ou du moins, un peu moins d'inconfort.

Les memmonites

Bélize accueille environ dix mille memmonites. Dans presque chaque bus pris, j'ai pu croiser ces hommes et ces femmes d'un autre âge. Il est d'autant plus curieux de croiser ces hommes blancs, barbus, en chapeau noir, chemise bleue de gros coton et pantalon noir en toile grossière tenu par des bretelles marrons ou ces femmes en jupe longue grise, veste assortie et popeline noire dans un pays tropical qui respire l'atmosphère reggae-cool. Je n'en sais pas plus sur eux, leur intégration dans leur pays, les villages où ils vivent, leur foi et leurs coutumes. Je ne les ai jamais vu parler avec les autres, mais je n'ai pas non plus oser les aborder pour parler avec eux. C'est finalement surtout cette population qui me fait regretter de ne pas être restée plus longtemps au Bélize.

Honduras

Après avoir retraversé le Guatemala du nord au sud et subis les arnaques classiques des frontières, j'arrive au Honduras, à Copan Ruinas pour y visiter les ruines du même nom.

Copan Ruinas

Copan ruinas - le parc central

A Copan Ruinas, petit village bien tranquille et dédié quasi exclusivement au tourisme et même au tourisme en provenance du Guatemala visiblement, on ne sent pas vraiment l'âme honduréenne. Les prix sont donnés en quetzal, puis en dollars et finalement si on insiste en lempiras, la monnaie nationale. Si ce n'est l'attrait de ces messieurs pour tout objet blanc et du sexe feminin, que je n'ai pas encore ressenti comme un poids jusque-là, je n'aurais pas vraiment eu l'impression d'avoir traversé la frontière.

Les ruines de Copan Les ruines de Copan Les ruines de Copan Les ruines de Copan Les ruines de Copan

Les ruines de Copan sont une nouvelle énigme pour moi, après Quiriga. Mon guide touristique est peu dissert sur le site et le musée est fermé pour rénovation. Je repars donc avec beaucoup d'interrogation sur ce que je vois, même si j'avoue, j'ai souvent tendu l'oreille pour écouter les guides, quasiment tous occupés par des touristes français ou francophones.

La nature environnante me plaît particulierement, la forêt orginelle est en cours de recomposition après sa destruction par la surpopulation et surcultivation des sols par les mayas, causes quasi-certaines de l'extinction des mayas dans la région. Dans un calme agréable, j'observe un pic vert, un porc sauvage et une foule d'oiseaux et de papillons dont je ne connais pas les noms.

Mais je suis essentiellement marquée par le terrain de jeu de balles, un jeu bien particulier quand on sait que les vainqueurs étaient sacrifiés au dieu du soleil.

Santa Rosa de Copan

Santa Rosa Santa Rosa Santa Rosa Santa Rosa

Prochaine destination après Copan, Santa Rosa et ses fabriques de cigare. Ce que je ne sais pas, c'est qu'un jour férié du milieu de la semaine précédente à été reporté au lundi de la suivante. J'arrive donc, banques fermées et fabrique de cigare aussi. L'hôtel me fournit des lempiras pour survivre mais je vais repartir sans avoir vu la fabrique. La ville est belle, surtout au coucher de soleil. Les habitants sont étonnés de voir une touriste et je retrouve le regard curieux des jeunes filles qui pouffent de surprise quand je leur dis bonjour. Comme partout jusque-là en Amérique Centrale, mais particulièrement ici, les gens cherchent avec bienveillance à me renseigner et m'aider. Et comme partout, ils n'ont aucune idée de la France, de l'Europe et malgré mes protestations, une gringa reste une gringa.

Je n'oublie pas de vous remercier une fois de plus pour le joker hôtel. Avec le reste de mon pécule, je craque pour un petit hôtel avec piscine, jolie salle de bain, pas le luxe mais un confort vraiment appréciable, pas de bruit, pas de moustique et pas de chaleur suffocante (même si ce dernier point est plutôt dû à la situation de la ville, au milieu de bien jolies et verdoyantes montagnes).

C'est ainsi que s'achève mon très court séjour au Honduras, avec un objectif à demi-rempli. Je n'aurai pas vu le procédé de fabrication des cigares, mais je me suis peut-être épargnée un mal de tête, qui sait ?

Le Salvador

Le salvador n'est pas le pays le plus rassurant a priori pour voyager, très peu de touristes, très peu d'informations sauf comme partout en Amérique Centrale une obstination à détailler toutes les abominations commis par les maras, les gangs de rue qui s'affrontent entre eux et les accidents de la route.

Les douaniers sont charmants, comme cela fait longtemps que je n'en ai pas vu. Ils ne cherchent même pas à m'extorquer de l'argent. Très vite, je vois que les bus salvadoriens n'ont rien à envier à ceux qui circulent de l'autre cô,té de la frontière. Même anciens bus scolaires américains, bien que beaucoup mieux décorés : entre Jésus, les thèmes du foot et des femmes apparaissent en récurrence et couleurs criardes. La vitesse est aussi affligeante, avec une moyenne de 25 kilometres à l'heure, le temps de faire des stops découvertes et dégustation de boissons fraîches dans tous les villages traversés.

San Salvador

C'est donc une fois de plus bien fatiguée que j'arrive dans la capitale, San Salvador. Pour la première fois, mon guide touristique m'est vraiment utile et je suis ses recommandations pour trouver un lit. Sans encombre, en bus de ville et à pied ensuite, je trouve une guesthouse assez sympa dans un quartier sû,r, près du grand centre commercial de Metrocentro. J'avoue, un petit soulagement d'y être arrivée aussi facilement.

San Salvador - la cathedrale San Salvador - El rosario San Salvador - rue du centre

Le centre de San Salvador est bien triste : maisons en décrépitude, étals de marchandises de tout et n'importe quoi à même la rue et exposé à la fumée des bus, l'atmosphère est lourde et insalubre la journée. Je ne risquerai pas de faire mon propre rapport des nuits du centre de cette ville, les lectures des journaux sont édifiantes à ce sujet, avec la guerre des gangs battant son plein à la nuit tombée et les voleurs cherchant leurs proies. Bref, San Salvador est une grosse ville d'Amérique Centrale presque ordinaire, qui concentre pauvreté et délinquance associée en son centre et quelques beaux quartiers dans sa péripherie ou sa banlieue. Je retrouve d'ailleurs ici les quartiers residentiels privés, barricadés, avec police propre comme ils fleurissaient dans la banlieue de Buenos Aires il y a quatre ans.

Joya de la Ceren et San Andres

Plus que quatre jours de voyage avant de rentrer sur Antigua et même à Paris. C'est presque un soulagement car je suis réellement fatiguée de tous ces transports, ces changements d'hôtels presque tous les soirs, ce manque de vraie conversation.

Joya de la Ceren

Joya de la Ceren est considéré comme le "Pompei des Amériques", c'est un village englouti par quatorze couches de cendres déversées par le volcan à proximité en 759, soit à l'apogée de l'ère maya dans la région. La taille du site n'est pas impressionnante mais offre une vision plus concrête de la vie quotidienne des mayas que celle qui peuvent rendre les sites de Tikal ou Copan, beaucoup plus axés sur la vie spirituelle et politique de la société. Le musée est plutôt bien fait et permet d'avoir une vision assez concrête de la vie des mayas. Ce musée est completé par celui de San Andres qui propose une vision plus globale de l'histoire du Salvador de la civilisation maya à nos jours.

San Andres

San Andres n'était pas à mon programme et la visite de ses ruines confirment mon pressentiment : la vue de ces ruines à peine fouillées et bétonnées dans les parties mises a jour, en mauvaise technique de conservation, ne vaut pas la peine après Tikal ou Copan. J'apprécie toutefois cette visite en compagnie d'un groupe américain venu en action humanitaire aider la paroisse d'El Congo à construire des maisons pour les plus démunis des salvadoriens.

Santa Ana

Cathedrale de Santa Ana

Ma route se poursuit sur Santa Ana, très mignonne petite ville qui exhibe un patrimoine historique plus glorieux que son présent. La cathédrale construite au début du XXeme siecle par les gros possesseurs de plantations de café de la région en est la parfaite illustration.

Je poursuis mon chemin en quête de fraîcheur jusqu'au petit village d'Apaneca, qui n'offre pas grand chose à voir par le temps maussade qui m'accueille mais où il fait frais et sans moustique.

Fatiguée de temps de trajets et à court de temps, je ne peux pas rester plus de temps au Salvador. C'est bien dommage !

Scènes de la vie quotidienne

Les constantes de ces dernières quatre semaines, ce sont les villes en grille centrées sur le "parque central", les petits vendeurs qui fleurissent à tous les coins de rue, les cireurs de chaussures qui officent avec diligence pour à peine vingt centimes, les marchandes de fruits préparés, les chiens lépreux qui envahissent les trottoirs dans l'indifférence générale.

Termos de Rio Santa Ana - vie des rues Santa Ana - vie des rues Santa Ana - vie des rues

Je termine donc cette série de photos par un contraste qui m'a marqué entre, d'une part, cette vie de survie qui envahit les rues, et d'autre part le spectacle des parcs aquatiques qui fleurissent au Salvador, ou, pour la modique somme d'un jour de salaire minimal, tout salvadorien peut se délasser pour la journée.

Bus et autres objets de plaisir

Gare de Sonsonate Chicken bus - interieur

En 24 jours de voyage sur les quatre pays, j'ai pris un nombre incalculable de bus et passé un nombre d'heures encore moins calculables dans les transports ou à attendre ces derniers. Je n'ai sacrifié qu'une fois à la facilité des navettes touristiques, pas seulement par soucis d'économie, surtout par envie de vivre l'aventure avec les locaux.

Les conditions de confort vont du presque correct à la limite du supportable, mais ce n'est pas vraiment de la faute à qui que ce soit. L'état des routes est relativement correct et de gros progres sont réalisés dans ce domaine en ce moment. Mais les bus sont vieux, fatigués et bondés. Les changer plus souvent imposeraient un prix de transport prohibitifs pour les passagers qui dépendent vitalement de ces derniers pour se déplacer.

Le Guatemala reste pour moi la lanterne rouge de la zone pour la prise de conscience sur les risques sanitaires et environnementaux, même si les pays frontaliers ne sont pas beaucoup plus avancés dans le domaine. Les passagers jettent les ordures à tout va par la fenêtre, quelque soit l'endroit et l'ordure. Ils crachent dans le bus, laissent les enfants vomir sur le sol du bus, transportent tout et n'importe quoi sans conditionnement adéquat.

Les conditions de transports sont symptomatiques de la société : pas de poubelles dans les zones publiques, pas de panier pour déposer le papier dans les toilettes, des marchandises fraîches vendues dans la fumée et la poussière des terminaux, des menaces d'amendes pour ceux qui urinent sur les places publiques qui n'arrêtent personne. Le seul point positif dans tout cela, c'est peut-être la quasi absence des fumeurs, qui souvent achètent leurs cigarettes a l'unité.

Mot de la fin

Trois fois trois jours à peine, c'est bien peu pour comprendre des pays. J'ai toutefois apprécié d'effleurer d'autres pays que le Guatemala.

Les grandes constantes de l Amérique Centrale sont évidentes : la pauvreté et son corollaire d'insécurité dans les grandes villes, le rapport d'amour-haine avec les Etats-Unis et les gringos, la peur de dieu et de dieu seulement, l'omniprésence de la tortilla et des haricots, le manque de prise de conscience de l'importance de l'hygiene et de la protection de l'environnement.

Les différences sont plus subtiles et pas forcement liées à des différenciations géo-politiques : les frontières entre le Guatemala et le Bélize n'ont été reconnues par le Guatemala qu'en 1992, neuf ans après l'indépendance du Bélize et ce n'est pas étonnant lorsqu'on passe par San Ignacio ou que l'on voit l'influence garifuna qui rapproche beaucoup plus Livinsgton du Bélize que du Guatemala.

 

C'est la fin des carnets de voyage, commence une autre aventure, celle du retour, mais avant prenons le temps du bilan.

 
 


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