Guatemala

Du 24/03/05 jusqu'au 28/04/05

 

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Semana Santa à Antigua

J'arrive au Guatemala le jeudi de Pâques, vers 12h. Pas le meilleur jour pour arriver sans avoir réservé d'hôtel. Pour aller vite, je prends une navette touristique pour me rendre à Antigua où je pense, comme beaucoup de touristes, établir ma base afin de rayonner dans les environs et puis commence la dure recherche d'un hôtel. Tout est complet, partout sauf une chambre presque immonde pour 10 dollars la nuit (cher pour le pays tout de même). Un rabatteur de rue m'entraîne chez Mirna, une maison guatemaltéco-japonaise toute mignonne et pleine de japonais et de coréens. Finalement, j'y reste car j'y suis tranquille.

La Semaine Sainte en Amérique Centrale, c'est peut-être l'événement le plus important de l'année. Presque tous les habitants participent à une débauche de costumes, de chars, d'encens, de fleurs en mémoire du Christ. Aux exclamations de beauté lors du passage des chars, se mêlent les prières.

Semana Santa a Antigua Semana Santa a Antigua Semana Santa a Antigua Semana Santa a Antigua Semana Santa a Antigua Semana Santa a Antigua

Si je suis marquée par la ferveur des foules, je ne suis personnellement pas spécialement impressionnée par les processions, qui possèdent un caractère trop théâtral à mon goût alors que je me souviens encore du frisson provoqué par le passage de la procession de nuit à Vallalodid, tout en noir et dans un silence absolu. Est-il nécessaire d'affubler les pseudo gardes romains d'un balai brosse sur la tête pour imiter les casques de l'époque ?

Antigua

San Felipe Capuchinas Arco

D'Antigua, je pars donc vite et puis j'y reviens. La ville est figée dans le temps : même le MacDo a dû respecter les normes d'esthétique de ces rues si particulières aux enseignes peintes sur ces façades colorées. Elle est tranquille mais offre tout le confort souhaitée par les gringos.

Je n'aime pas cette espèce de mépris clairement affiché par la plupart des vendeurs à l'égard des peaux blanches, je m'insurge contre le "tout blanc est américain et riche en dollar".

Vue depuis chez Mirna

Mais j'y reste parce que j'y ai trouvé un coin tranquille et que les journées passent doucement sur la terrasse de Mirna.

 

Le lac Atitlan et les Highlands

Ma première destination, ce sont les highlands et les villages mayas. Je prévois de suivre la route gringo qui passe par les bords du lac Atitlan et Chichicastenango et de me rendre dans les Cuchumatanes.

Les Suicide dogs

Sur la route, je me souviens du concept de suicide dogs qu'un ami voyageur avait inventé dans les Andes en voyant tous ces chiens courrir à la rencontre des véhicules pour les échapper de justesse. Je ne sais pas si les chauffeurs Guatémaltèques sont meilleurs ou pires que ceux des Andes, mais là, les chiens réussissent leur but et ne survivent pas. La route est tristement jonchée de cadavres.

Panajachel et le lac Atitlan

Lac Atitlan Lac Atitlan Lac Atitlan Lac Atitlan

Quelques bus plus tard, je me retrouve donc au bord de ce fameux lac. Le temps est brumeux comme depuis mon arrivée et le ciel laiteux ne met franchement pas en valeur les paysages du soit-disant plus beau lac du monde. Il est même impossible de voir les volcans qui dominent le lac. Je reste tranquillement à Panajachel pendant trois jours. Le mauvais ciel ne m'incite pas à aller plus loin et surtout, j'ai la flemme de bouger. Et puis le spectacle des rues de Panajachel où les gringos essaient de vendre leur breloques aux locaux vaut son pesant de cacahouettes ! Mon seul regret, c'est d'être arrivée trop tard pour les vraies crêpes faites par un vrai breton. Il me faudra donc encore attendre un petit mois !

La Linea A del RER

Je reprends la route pour aller 300 kilomètres plus loin à Todos Santos de Cuchumatanes, avec un stop obligatoire à Huehuetenango quatre heures plus tard car les derniers bus de la journée partent généralement tôt et il n'est pas possible d'enchaîner tout cela à moins de commencer des quatre heures du matin, ce à quoi je n'arrive pas à me résoudre.

Après donc une escale mémorable à Huehuetenango dans un petit hôtel bien sale et bien sordide, qu'un représentant pharmaceutique m'a recommandé car il y séjourne lui-même lors de ces déplacements professionnels, je me rends donc à nouveau à la gare de bus pour me rendre à Todos Santos.

Les horaires que l'on m'a donnés sont faux et il me faut donc attendre près de deux heures, à regarder les déchargements de mangues qui viennent de la campagne et à subir les effluves polluantes des bus qui crachent leur poumon pendant une demi-heure avant de réellement partir.

Je m'installe à bord avec un siège numeroté, une première (et une dernière aussi) pour un chicken bus.

Après ma petite nuit, je m'endors à moitié dans le bus. Je me retrouve à Nation à attendre mon RER pour la Défense. Il arrive presque vide mais attend d'être plein à craquer pour enfin s'ébranler et partir. J'entame une petite discussion avec la femme qui fait sa place à côté de moi. Nous arrivons à Gare de Lyon et un nouveau flux de passagers tout sourire montent dans le wagon que je croyais plein à déborder. Un marchand de journaux passe entre les passagers pour vendre le dernier Télé7jours, des petites marchandes proposent des boissons. Nous redémarrons enfin et freinons brutalement à Bastille. J'espère que les freins ne vont pas encore nous lâcher. Ca serait la deuxième fois de la semaine. Petit arrêt de dix minutes pour vérifier tout cela. Pendant ce temps, le vendeur Domino's Pizza arrive avec ces pizzas margarita, peperoni ou hawai. Un client se déclare au fond du wagon et on lui passe la part de pizza au-dessus de la foule. Il fait transiter en échange la pièce qui va bien. Avec les vendeurs de frites, le niveau d'odeur en graisses monte encore. Nous repartons enfin. Elvira dort sur mon épaule et un bébé squatte l'autre. Les Halles, le traditionnel arrêt des vendeurs en produits pharmaceutiques. Pendant cinq minutes, ils vantent le produit miracle qu'ils cherchent à "faire connaître" et ça marche assez bien, le "cure-champignons" se vend comme des petits pains à un euro la boîte ! Je commence à fatiguer, s'il n'y a pas de panne, on sera dans les temps, une heure normalement pour la Défense. On passe l'Etoile, le wagon se vide un peu et on peu presque respirer. Voila, on est arrivé. C'est toujours la cohue pour sortir, mais on se sourit et on se dit au revoir avant de partir chacun pour une journée qui commence bien.

Je me réveille doucement, Elvira dort toujours contre mon épaule. Cela fait trois heures que l'on roule et on arrive à Todos Santos, elle a encore deux heures de route pour rejoindre son village, elle est sage-femme et vient de faire l'aller-retour sur cette route infernale pour déposer une patiente dont l'accouchement se passait mal à l'hopital le plus proche. .

Pendant ce temps, c'est presque la catastrophe à Paris : encore du retard sur la ligne A du RER. Presque trente minutes pour traverser tout Paris, du jamais vu !

Todos Santos, pueblo maya

Todos Santos a une position géographique étrange. Apres avoir monté près de mille mètres sur quarante kilomètres, la route quitte les paysages semi-désertiques pour accéder à une vallée verdoyante qui protège Todos Santos.

Todos Santos de Cuchumatan Todos Santos de Cuchumatan Todos Santos de Cuchumatan Todos Santos de Cuchumatan

Todos Santos me marque par sa culture maya. Peu d'habitants semblent parler espagnol et presque tous respectent les traditions mayas dans leur maniere de s'habiller : les hommes vont en pantalon rouge à rayures blanches et veste blanche à rayures violettes, les femmes en jupes bleu sombre et haut richement décorés dans les tons rouges et bleus. Je ne sais pas si cette volonté de respecter les traditions est la marque d'une opposition au gouvernement et un contre-coup des fortes répressions que les peuples mayas ont subi il y a à peine dix ans, mais cela fait réflechir de voir un tel village, en particulier au moment où je lis Utopia.

Huehuetenango alias HueHue

HueHue HueHue HueHue -rue

HueHue est une petite ville des highlands, riche en bruits, des corbeaux aux klaxons aux télévisions et en odeurs avec en particulier les stands de tacos des rues et les pots d'échappement. Bref, une petite ville bien d'Amérique Centrale bâtie en grille autour du "Parque Central" entouré d'arcades coloniales et bordé par la cathédrale. C'est une petite ville qui a son charme.

Coban et les Alta Varapaz

Après quatre jours de repos à Antigua, je décide de repartir pour un dernier voyage de deux ou trois semaines, longue boucle qui devrait m'entraîner à Tikal, au Bélize, au Honduras et au Salvador.

Premier stop, j'ai inclus sur les conseils d'une voyageuse croisée le temps d'un bus la région de Coban, sans en savoir beaucoup plus sur l'endroit.

Le biotope du quetzal

Après quatre heures de bus et une rapide traversée de Guatemala City, sale, pleine de gens armés mais traversable, me voici débarquée dans un petit coin de nature qui me ravit : la forêt tropicale du biotope du quetzal ou évidemment il n'y a à peu près aucune chance de voir un quetzal.

Vue des Alta Verapaz Biotope - hotel Biotope au petit matin biotope au petit matin Une petite derniere du biotope

Deux petits sentiers sont ouverts au public et c'est avec bonheur que je retrouve les arbres diptérocarpes, les fougères encore plus monstrueuses qu'en Nouvelle-Zélande, des papillons et une foule d'oiseaux, mais pas de quetzals.

J'avais décidé de passer la nuit près du parc national pour profiter du coucher et lever de soleil. Bonne idée en théorie et en effet, j'ai vu des paons que je n'aurais certainement pas vus autrement mais je n'ai pas dormi à cause du bruit des camions en prise d'accélération sur la pente raide juste en contrebas de mon mignon bungalow en bois. Une nouvelle leçon pour le choix des hôtels !

Semuc Champey

A 6h30, je suis donc en route vers Coban et pour une fois, mon guide (Let'sGo, à oublier si possible) dit vrai : la nature n'est jamais vraiment très loin dans cette ville. Petit déjeuner sur le Parque Central, traversée du marché bien puant et boueux et je pars en recherche du bus qui devrait me mener à Lanquin (là, mon guide touristique a tout faux, sur le terminal, la fréquence des bus et les prix mais, pour cette fois, la réalite est presque mieux que le papier). Bref, de fil en aiguille, trois heures plus tard, je me retrouve au Tres Marias, petit hôtel tout près du pont naturel de Semuc Champey et je m'en vais vite monter la colline sous une chaleur torride et un soleil de plomb pour découvrir le magnifique site.

Riviere de Semuc Champey Vue depuis le mirador La riviere Les piscines naturelles l'entree du pont

Après une telle journée, il est bien apréciable de se détendre dans les piscines naturelles. Il est presque encore plus appréciable de discuter avec le ranger du parc qui, à partir d'une banale introduction sur la France, EX championne du monde, a presque réussi à me convaincre de ma grande chance de ne pas avoir croisé une tarantule, un scorpion voire un puma pendant ma traversée du parc. L'amour de la conversation pour la conversation, tout un art!

Hotel au petit matin Lanquin

En Pleine forme, le lendemain des 6h, je décide de rentrer à pied sur Lanquin, dix kilomètres d'une route que j'ai déja faite en camion à l'aller. La brume se dissipe doucement sur la vallée, je croise des dizaines de maisons, bambins, hommes travaillant aux champs et toujours un petit hola. Epuisant, presque un kilomètre de dénivelé, mais superbe. A 9 heures, à peine arrivée à Lanquin, une camionnette part pour Coban et je saute dedans, suante et en meilleure forme encore qu'avant.

Chisec

Ce que je ne sais pas, après ma petite retraite du monde entre le biotope et Semuc Champey, c'est qu'entre temps les protestations contre le Traité de Libre Commerce que les Etats-Unis cherchent à promouvoir dans la région ont enflé et se sont transformées en manifestation. Les routes sont bloquées un peu partout au nord de Coban et les trajets déja normalement éprouvants deviennent encore plus rudes. On me laisse passer en paix et même dans l'indifférence mais les tracts anti-gringo qui traînent partout ne me rassurent pas spécialement sur ma condition. J'abandonne la route à Chisec, où, d'après mon guide, il devrait y avoir des logements décents.

Chisec Chisec Chisec

La région de Chisec mérite certainement d'être connue, le nord que je découvre en route le lendemain présente des paysages assez fantastiques de collines calcaires couvertes de forêt tropicale et pleines de trous pour amateurs de grottes. Chisec est un petit village comme tant d'autres dans la région avec son parc central, son marché, ses petites tiendas, ses vendeurs de tacos et de glace,... Mais l'hôtel de la place que mon guide indique comme "clean and basic" m'offre une nouvelle nuit sans sommeil à cause des petites bêtes qui semblent pulluler dans le matelas dans la plus grande indifférence de ma logeuse.

En route vers Peten

Camioneta El Cruce

Je me retrouve donc à nouveau à six heures du matin sur la route et après à peine une demi-heure de bus, débarquée au milieu d'un beau petit coin de nature, un carrefour de route bien tranquille, haut lieu des correspondances de bus locaux. Pour la première fois, je refuse de monter dans une camioneta déja ultra-chargée sans savoir si la suivante sera moins pleine, mais au moins par civisme. La suivante était légèrement moins pleine, mais pas beaucoup moins et j'ai mal partout après deux heures de compression intense.

Peten et Tikal

Sayaxche

Sayaxche

La route s'arrête brusquement en face d'une rivière. C'est Sayaxche et sur l'autre rive attend une nouvelle camionnette pour poursuivre la route jusqu'à Flores. Le trajet qui m'a paru infiniment long n'aura duré en tout que 4h30. Les paysages traversés, le spectacle des villages ne me consolent plus. Je veux me poser et oublier ces bus. Je continue pourtant encore une heure jusqu'à el Remate, petit village à trente kilomètres de Tikal.

El Remate

Omelette de fleurs Les fleurs

A peine arrivée à el Remate, je me pose dans un coin et exécute mon plan d'actions à la lettre, je n'en bouge plus ! Pas de bruit, pas d'activité, il ne se passe rien à El Remate et même l'éclipse de soleil passe dans la plus grande indifférence.

Ce n'est qu'à la nuit tombée que les villageois sortent dans la rue discuter avec les voisins. En quête de nourriture, Suzanna me propose une omelette de fleurs. Vue ma perplexité, elle me propose de me faire gouter la dite fleur et je me lance. Pas mauvais du tout, la fleur !

El Remate

A quatre heures du matin, je suis réveillée par des pétards, de l'odeur de poudre et de la musique forte. Je ne comprends pas ce qui se passe mais je n'ai ni la force , ni le courage de sortir de ma chambre pour étudier la question de plus près. Ce n'est que le lendemain que mon logeur m'explique cette charmante tradition locale qui consiste à fêter de bonne heure avec feux d'artifice, musique et pétards les anniversaires.

Tikal

Ceiba Arbre Ptit Dej Grande Place Moi et la jungle vue du temple V Temple V Temple II Masque Grande Place, 5h plus tard

Cinq heures du matin le lendemain, je suis au bord de la route à attendre un éventuel moyen de transport pour me rendre à Tikal. Il n'y a, soit-disant, que des navettes touristiques sur ce tronçon de route mais je réussis à intégrer une navette des travailleurs locaux et donc c'est reparti pour les stops pour débarquer le cochon (qui voyage dans un sac sur le toit), pour récuperer un carton et l'emmener un peu plus loin, le taux de compression,... Bref, je paye le prix touriste avec les charmes du transport local mais j'arrive malgré tout la première à l'entrée du parc, à six heures, heure d'ouverture officielle scrupuleusement observée par ces messieurs les rangers.

Les ruines de Tikal sont situées au milieu d'un parc national de jungle durement conservée par les autorités, contre les protestations paysannes qui réclament la terre pour leur subsistance. A l'heure actuelle, les ruines sont donc au milieu de la jungle, juste interrompue par une route de vingt kilomètres qui véhiculent les touristes entre l'entrée du parc et les ruines.

A six heures, la jungle se réveille, oiseaux, écureuils, coatils, singes se font entendre et même voir. Il est fantastique de se ballader dans le parc encore vide, prendre son petit déjeuner dans un ancien palais maya, découvrir le panorama à couper le souffle depuis le temple IV puis discuter pendant une heure avec Christian (Fr) du haut de la pyramide du monde perdu. Bref les heures passent vite et ce n'est que la chaleur intense de l'après-midi qui nous fait quitter le parc.

Il est dur d'imaginer que cette jungle contînt à l'apogée de la civilisation maya une cite prospère de plus de 100000 habitants, dont on ne s'explique pas encore vraiment la disparition, surpopulation et appauvrissement des sols, catastrophes naturelles, épuisement d'une civilisation à bout de souffle. C'est en tout cas un bon sujet de réflexion pour notre société actuelle.

Flores

Flores - Parque Central

De retour du Belize, je m'arrête à Flores, la ville île de l'autre côté du lac Peten Itza par rapport a El Remate, îlot qui ne vit que d'une seule activité : le tourisme à destination de Tikal.

 

L'est du Guatemala

Rio Dulce et Livingston

Et de Flores, je redescends sur Fronteras ou Rio Dulce en quatre heures, bon bus Fuente del Norte et bonne route. Presque un plaisir par rapport à la route via Sayaxche, sans la majesté des paysages, certes, mais bon... Rio Dulce n'est pas la ville où l'on a envie de passer la soirée : grouillant au bord de la route Flores - Guatemala, j'imagine déja le niveau sonore la nuit avec le trafic routier qui doit y être constant. Je ne suis donc pas mécontente de trouver rapidement un petit bateau pour me rendre à Livingston.

Rio Dulce Livinsgton

La traversée du Rio Dulce est superbe. Les oiseaux abondent, cormorans, grues et pélicans forment un spectacle coloré le long du fleuve bordé par les mangroves.

Livingston est le petit coin caraibe du Guatemala avec une population essentiellement garifuna (noire reggae rasta, proche de la population du Belize. Le village de 10000 âmes sans accès terrestre (je ne comprends pas pourquoi certains ont pourtant des voitures) est tranquille mais visiblement trop habitué à un tourisme axé sur la consommation narcotique. Un arrêt bienvenu pour moi, le temps de laisser passer la pluie en plongeant dans mes livres.

Quiriga

Quiriga

De Livingston, je passe en bateau sur Puerto Barrios puis en bus sur Chiquimula avec un stop à Quiriga, ruines mayas qui me laissent perplexes car je ne sais pas comment interprêter les stèles qui font la réputation de Quiriga. C'est dans ces moments-là que l'on voit les limitations à voyager seule et sans guide. Je garderai avant tout le souvenir du bus le plus lent : quatre kilomètres en seconde à moins de quinze à l'heure, le temps de traverser la plantation de banane Del Monte et d'un gentil chauffeur de taxi qui m'a raccompagnée gratuitement jusqu'à la ville voisine pour reprendre mon bus.

Une nuit à Chiquimula, ville frontière aux petits commerces intenses et je pars pour le Honduras visiter les ruines de Copan chargee de nouveaux livres. Fait notable, avec trois livres, j'ai acheté la moitié des livres de la seule "libreria" de Chiquimula qui en vend, les autres ne vendant que papier et stylo et ce phénomène n'a rien d'anormal pour le pays.

La côte Pacifique : Monterrico

Plage mangrove

De retour du Salvador, je fais un dernier arrêt pour ne pas manquer les plages de ce côté du Pacifique. J'arrive à Monterrico après un long trajet, quatre bus, un bateau et un drôle de passage de frontière. Je suis fascinée par les rouleaux énormes de l'océan qui semblent s'abattre sur le bout de la rue. J'accepte très vite une chambre d'hôtel car elle est au bord de l'ocean et je pars à la plage. La déception vient assez vite : il m'est impossible d'être en paix sur la plage car l'amour du travail bien fait de ces messieurs les maîtres nageurs puis de la police touristique fait qu'ils m'offrent une attention spéciale dont je me serais volontiers passé. Et puis, la nuit tombe et les moustiques arrivent.

La traversée des mangroves, le spectacle de l'océan sont de superbes images mais je n'ai pas envie de prolonger plus mon séjour qui n'est pas fait pour une jeune femme seule cherchant la tranquillité et la fraîcheur. Et puis je n'aime pas non plus les énormes porcs qui occupent la rue principale et les chiens lépreux qui envahissent la plage.

Il est surtout temps de se poser.

Mot de la fin

C'est avec plaisir et aussi appréhension que je suis arrivée au Guatemala. Plaisir de retrouver l'Amérique Latine, l'espagnol, la dure mais douce vie à la latino. Appréhension de l'insécurité latente dans ces pays et principalement dans les grandes villes et le long des grands axes routiers.

Evitant consciencieusement les grandes villes, les transports de nuit et même toute activité extérieure de nuit, l'insécurité m'a surtout pesé dans le sens où je ne me suis pas sentie libre de marcher seule sur n'importe quelle route. Certes, le temps des explorations de sentiers inconnus seule avec mon sac à dos est fini, mais dans les foules des villes et villages, je n'ai jamais senti de peur pour moi ou mes affaires. Respectant ces quelques règles, je réalise que l'insécurité est aussi un business tel pour le pays que je n'y vois pas de sortie : les journaux font leur choux gras des crimes commis dans la capitale, devant le moindre magasin, un homme armé passe son temps et gagne son salaire. Le nombre d'emplois indirects généré par cette industrie est tel que je ne vois pas qui voudrait l'éradiquer.

Je suis marquée par le manque d'hygiène et de respect de l'environnement flagrant ici : les ordures s'accumulent partout sans que les risques sanitaires ne viennent à l'esprit de personne. Le niveau de communication sur ce sujet est d'ailleurs nul.

Et par la fatalité qui est ancrée dans la vie ici comme l'est la foi en un Christ sauveur. Si Dios conmigo, quien contra. Sous ce bon prétexte, les chauffeurs de bus roulent comme des fous sans assumer les conséquences, les femmes subissent grossesse sur grossesse avec un taux de mortalité maternelle et infantile qui ne baisse pas. Une fois de plus, l'action du gouvernement pour limiter les risques associés et augmenter les prises de conscience sont quasi nuls.

Mais ce qui m'a le plus perturbée au Guatemala, c'est cette relation d'amour-haine pour le gringo, mêlée à une ignorance profonde du monde qui assimile tout blanc à un riche americain. Si j'ai toujours reçu un accueil chaleureux de la part des locaux, grands amateurs de la discussion devant l'éternel, j'ai très vite ressenti cette abîme entre eux et moi. Au final, il est bien rassurant de voyager en Asie ou la barriere linguistique évite d'entrer dans des conversations qui fâchent !

 

On s'approche du dernier carnet de route de ce voyage : pour combler les trous dans mon emploi du temps au Guatemala : des incursions rapides dans les pays voisins pour avoir une petite idée du Bélize, les ruines de Copan au Honduras et de joya de la Ceren au Salvador. La suite, c'est donc un peu plus d'Amérique Centrale.

 
 


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