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Une année à partBilan |
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Voila, c'est presque fait. Dans quelques heures, je prends l'avion du retour. Un an, ça passe vite. Il faut dire que je me suis rapidement rendue compte que j'avais biaisé l'équation dès le départ en m'imposant une date retour. C'est peut-être finalement ce qui nous manque le plus dans la vie : la sécurité de connaître les dates de fin. Bali a marqué une rupture encore plus forte que je ne le pensais alors. Retour aux avions, aux décalages horaires et puis retour à des conditions de voyage beaucoup plus sereines et faciles : Bornéo et ses parcs naturels et surtout la douce et tendre Nouvelle-Zélande, sans oublier Singapour et le Japon. Il en a même été difficile de reprendre le rythme de l'Amérique Centrale. Mais il y a plus que le changement de pays, il y a le changement en moi, plus de boulimie de découverte, plutôt l'envie de prendre du temps pour lire et réflechir. Et maintenant, c'est bientôt l'heure de vérité, le filtre révélateur, le retour. L'étape Singapour a été une bonne préparation, j'attends désormais la véritable aventure de retrouver mon ancien cadre de vie. Mais ne soyons pas impatients, il est temps de faire un dernier bilan à chaud de cette année de voyage et de découvertes.
Le plus beau de tous les ... du mondeJe reprends la désormais célèbre formule des bilans, en image cette fois, pour vous faire rêver une dernière fois (cliquer sur la miniature pour lancer le diaporama)... C'est parti (merci Lionel)...
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28/04/04 : Le choix de partir, le départ entre euphorie et inquiétude. |
![]() | Mai 04 : Au-delà de la différence de langues, la jolie rencontre de Smietana dans une rue de Saint Petersbourg, qui se fait l'écho des paroles du Dalai Lama : "You can relate to other fellow human beings because you are still a human being, within the human community. You share that bound. And that human bound is enough to give rise to a sense of worth and dignity."(The Art of Happiness). |
![]() | Mai 04 : cinquante-huit heures en troisiegrave;me classe du Transsiberien. L'expérience de se retrouver seule non russophone dans un lieu clos et promiscueux. |
![]() | Juin 04 : Curiosité et incompréhension réciproque entre une occidentale et les mongols des steppes. Moment de malaises estompés par un sourire gauche. |
![]() | 30-31 mai : il n'y a que la force du vent contre le sable du haut des dunes du désert du Gobi et l'exhaltation d'être arrivée au bout du monde ou plutôt l'exhaltation d'être partie pour le bout du monde. |
![]() | Juin 04 : Une matinée entre tradition et modernité qui me choque et me fascine lors de la traversée de XiAn. Mais aussi un voile de timidité qui se soulève : j'ose enfin demander au gens de rentrer un peu dans leur intimité pour les prendre en photo. |
![]() | Juillet 04 : Une prise de conscience progressive de mon absence de mémorisation des bruits et des odeurs. |
![]() | Juillet 04 : Cérémonie de fiançailles de Hanh et Yannick. Choix de vie admirable de Yannick. |
![]() | Août 04 : Une semaine de cours dans le village de Angtasom et une réflexion non aboutie sur la possibilité de réellement aider les pays pauvres : globalisation de l'économie et acceptation de la perte de nos privileges, envoi d'argent pour se défausser, don de temps pour apprendre à des enfants une langue qui leur permettra au mieux de travailler dans l'industrie touristique ou au pire de s'expatrier, laissant leur pays sans compétence ? |
![]() | Août 04 : Une semaine de vie dans le village de Angtasom, trois jours à Old Muang Noy au Laos : deux dures prises de conscience de mes propres faiblesses, de mon besoin cruel de varier mon alimentation, de me laver avec une eau qui ne soit pas croupie, de dormir sans la peur d'être piquée ou mordue par un quelconque animal ou de voir mes possessions détruites. |
![]() | Août 04 : A moto, entre Kratie et Sambor, tout au nord du Cambodge, plongée dans le passé, dans un monde immobile et sans désir de bouger, qui laisse le temps couler. Les seules innovations ici sont les rotofils et les mobylettes, le reste est comme il y a mille ans. Ici, l'histoire n'a pas de sens. Pourquoi, pourquoi pas nous ? |
![]() | Août 04 : Avaler une mygale, c'est pour le fun, pour la dérision. Pas seulement. C'est un travail de conscience que je m'explique mal encore. C'est une inutile victoire sur soi. |
![]() | Août 04 : Le sourire des laotiens. Je suis touchée profondément. Grâce à ce peuple, je comprends mieux le sens de la recherche constante des valeurs positives, l'importance du sourire face à la douleur et la misere, l'importance de trouver le bonheur en soi et non dans les conditions externes. "We should strive to do good, avoid evil and purify the mind, not as an insurance against any possible future life, or to enable us to reach some heavenly sanctuary at the end of this life, but because moral behaviour is conductive to peace, happiness, freedom and ultimately insight" (Buddha) |
![]() | Août 04 : Tradition de Luang Prabang : l'aumône aux moines. Je m'insurge contre la subtile discrimination entre hommes et femmes dans cette pratique. Comme dans tous dogmes ou religions, la simplicité et la beauté première des enseignements bouddhiques disparait ici sous la couche de rituels. |
![]() | Août 04 : "L'homme, penché sur sa mobylette, ne peut se concentrer que sur la seconde présente de son vol, il s'accroche à un fragment de temps coupé et du passé et de l'avenir, il est arraché à la continuité du temps, il est en dehors du temps, autrement dit, il est en extase ; dans cet état, il ne sait rien de ses soucis et partant il n'a pas peur, car la source de la peur est dans l'avenir, et qui est libéré de l'avenir n'a rien à craindre." (La Lenteur, Kundera). Remonté du Mékong, douce découvre du plaisir de la lenteur. |
![]() | Octobre 04 : Les a priori, ces peurs dues à l'ignorance, à l'inconnu, après près de six mois de voyage, je reste pourtant encore touchée par ces derniers. Merci Malaisie pour les balayer une fois de plus. |
![]() | Octobre 04 : vingt-huit heures en Economy Non Seat du ferry Batam - Jakarta. L'expérience de conditions de transport à la limite du salubre et en dehors des normes minimales de sécurité, le quotidien de milliers d'indonésiens |
![]() | Novembre 04 : La descente dans le cratère de l'Ijen, pour mieux comprendre la valeur de l'air |
![]() | Novembre 04 : Le spectacle du Wayang Kulit et la tentation de la méchanceté. |
![]() | Décembre 04 : Les nuits dans la forêt tropicale de Bornéo : un autre type de leçon de vie dans un écosysteme dédié à la survie. Une prise du conscience concrête des "lois de la nature". "Every man has by the law of nature a right to such a waste portion of the Earth as is necessary for his subsistence" (Utopia, Sir Thomas More) |
![]() | Février 05 : vingt-cinq jours sur un bateau vers les rives de l'Antarctique : L'expérience du mal de mer, des mers extrêmes (heureusement à petite dose), La découverte d'un continent fascinant et de passagers non moins intéressants. Un concentré de vie, riche en émerveillement et enseignement. "The qualities necessary to the explorers are in order of importance : first, optimism, second, patience, third, physical endurance ; fourth, idealism ; fifth and last courage. Few men are wanting in courage but optimism nullifies disappointment and makes one more ready than ever to go on." (Shackleton, the Boss) |
![]() | Mars 05 : Bon restaurant à Singapour : le choc d'un retour à des valeurs occidentales, nourriture délicieuse mais service compassé et sans âme. |
![]() | Mars 05 : La découverte du Pavillon doré. La capacité d'émerveillement se cultive, se développe. Le monde est beau, désolée Hegel. |
![]() | Mars 05 : Les jardins zens : la découverte d'un autre sens de l'esthétique. |
![]() | Mars 05 : Ignorance, peur de Dieu, croyances et fatalité, amour du spectacle, les plaies du Guatemala qui s'étalent devant mes yeux. |
![]() | Mars 05 : La conscience des traditions à Todos Santos de Cuchumatanes. Pourquoi ? Pour quel bénéfice ? Un exemple. |
![]() | Avril 05 : Tikal ou la disparition brutale de la civilisation maya qui mériterait d'être étudiée pour l'exemple. |
![]() | Avril 05 : Jeu de balles mayas et sacrifice des vainqueurs au dieu du soleil. Sans commentaire. |
![]() | Les nombreux moments de plaisir à écouter de la musique, lire un livre, prendre une photo, contempler le monde, une certaine prise de conscience du temps et des sens en jachère dans nos vies quotidiennes. Mars 05 : Le choc de retrouver la presse francaise dans l'avion entre Auckland et Singapour. "I have given up the newspapers in exchange for Tacitus and Thucyclides, for Newton and Euclid and I find myself much the happier"(Thomas Jefferson) |
![]() | Collecter des souvenirs pour les exposer, chercher avec difficulté le mot et la forme justes pour transmettre une émotion, partager. Recevoir un mot de merci pour le plaisir procuré par mes images. |
Pour un résumé en chiffre du voyage, l'itinéraire définitif et les statistiques budget, transports, logements ou global et par pays, reportez-vous a la rubrique rubrique transverse Bilan
Toute fin est aussi un nouveau début. Je me sens bien, en forme, heureuse d'apprécier les petits instants du quotidien. J'ai passé une belle année. Rien d'exceptionnel à bien y penser si ce n'est un fantastique espace de liberté et de stimulation intellectuelle. Je ne peux pas dire que je suis impatiente de rentrer, ni anxieuse de partir. Je profite simplement de l'instant présent. J'espère pouvoir encore le faire demain et toujours.
L'image de la France qui m'est projetée par la vision des étrangers, par les mails que je reçois et les journaux que je lis est triste et morose, France dépressive, sans âme, sans cause, sans valeurs, ruminant son déclin passé, engluée dans un système sociocapitalistique ambigü et incohérent qui oublie ses forces et sa beauté. Résistant aux a priori et avec un regard neuf et optimiste, je pars prendre l'avion pour ma douce patrie.
Je tenais une dernière fois à remercier tous les voyageurs rencontrés, ma maman pour son aide logistique précieuse, tous mes fidèles lecteurs pour leur attention, les nombreux beaux mails que j'ai reçu et le dialogue intérieur constant qu'ils génèrent en moi.
Je laisse le dernier mot à Rockwell Kent :
"Only the voyager perceived the poignant loveliness of life, for he alone has tasted of its contrasts - he has explored the two infinites - the external universe and himself".
Mais je ne vais pas vous lâcher traitreusement parce que je suis de retour à la maison. Il reste encore un carnet essentiel pour boucler la boucle et exploser la bulle et peut-être créer définitivement des vocations : le carnet du retour.
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