Une année à part

Le retour

 

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Retour

Maison29/04/05 : 366 jours plus tard, c'est le retour. J'y étais préparée. Je n'ai pas voulu trop y penser concrêtement pendant un an mais évidemment je l'ai idéalisé. Et évidemment, il se passe en douceur. Retour à la maison, retrouvailles des visages chers de toujours ou du moins depuis si longtemps, doux week-end en famille.

Evidemment aussi, il ne se passe pas ensuite comme j'aurais pu l'imaginer.

Travail Travail En une petite semaine, encore sous le coup du décalage horaire, me voici propulsée de nouveau dans la vie parisienne, métro boulot dodo ou presque. Il me semblait préférable de reprendre vite le rythme. Ce qui est fini est fini. Début d'un nouvel épisode. Jusque-là, je contrôle.

Mon retour est nettement facilité par une certaine habitude à partir et revenir et un métier qui se prête à cela : je reprends mon poste, nouvelles missions, nouvelles têtes, mais toujours le même métier dans la même structure, sans presque se poser de question. Et puis par l'accueil des amis qui n'hésitent pas à m'offrir des gites temporaires.

Depuis, trois mois déjà se sont écoulés, qu'il n'est pas évident de résumer en quelques mots... Il est dur de reprendre la plume une dernière fois pour boucler la boucle, tout parait si loin déjà. Tout est si différent aujourd'hui.

Flottement

Quinze jours à Paris et déjà l'envie de repartir m'envahit par vague. L'ennui des façades en pierre de taille, la monotonie des couloirs de métro, l'acidité bien française dans le milieu professionnel et surtout l'impression de ne rien apprendre, de ne pas absorber au quotidien ma dose de nouvelles sensations, de nouvelles idées, de ne plus avoir de temps me font peur, me submerge par instant.

Pérennité

Je mesure, je savoure pourtant la chance énorme d'avoir été accueillie si joliment au retour par une petite fête surprise, d'avoir revu, certes trop rapidement, mes amis d'Espagne, d'avoir revu Johanna et Stephan rencontrés sur le parcours et puis de renouer progressivement avec les vies de mes amis les plus chers, de pouvoir tisser à nouveau les liens de relations fortes et durables.

Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis Amis

Je retrouve progressivement mon univers affectif, un petit chez moi aussi et je me recrée des petites habitudes. Je retrouve mon passé et par là-même un futur. Il n'est pas toujours attirant mais l'incertitude est finalement compensée par le besoin de pérennité que n'offre pas une expérience bornée dans le temps par définition préliminaire.

Le besoin de plus loin, de plus différent est à nouveau ponctuellement dompté.

Stabilité

Avec un regard nouveau, je redécouvre au fil des week-ends une France qui ne m'a jamais vraiment attirée, voire longtemps repoussée. Un pays vert, vide et pourtant si rempli, plein d'histoire, de goûts et de saveurs. Petits villages d'Auvergne ou de Bresse, châteaux de la Loire, côtes normandes, côteaux des Pays de Loire, en quelques kilomètres, l'histoire s'inscrit, les traditions culinaires se modifient, les sens restent en éveil. L'ennui douceureux des campagnes compense la fièvre parisienne.

France France France France France France France France France France France France France

Le pays est beau, complexe, varié, c'est ma patrie, ma base, mon refuge, ma seule certitude, une histoire d'amour-haine que j'ai envie de clore maintenant. Il me faut y trouver ma place, apprendre à vivre avec, peut-être même à maîtriser ce désir de déambuler dans les couloirs toujours trop longs des aéroports internationaux mais cela c'est une autre histoire.

Futur

Mon Paris La fatigue s'accumule déjà et je regrette les moments de liberté, les espaces de réflexion que j'ai pu m'aménager pendant un an. Evidemment, c'est plus facile quand on est loin de tout ce qui fait sa vie, quand on est seul à souhait. Il faut se réhabituer à un rythme sociétaire classique : 50% d'énergie dépensée pour gagner quelque argent, 25% à le dépenser et 5% à récupérer de trop de préoccupations liées aux deux précédentes activités. Il ne reste finalement que bien peu de temps pour l'essentiel.

Je suis caustique mais je m'enlise à nouveau dans le moule. Je tente bien quelques aménagements, je me rebelle encore devant trop de matérialisme, trop peu de spontanéité et de chaleur humaine dans tout ça, mais j'ai vite retrouvé ma position plutôt rassurante dans une société grincheuse mais confortable et j'ai du mal à en sortir.

J'ai parfois l'impression d'être de retour depuis une éternité. Presque ne presque pas être partie. Pourtant des coups au coeur devant trop de matérialisme, devant une optique de vie qui parait bien faussée en France me rappelle que je suis partie et revenue. Quelques élans ponctuels de mélancolie m'assaillent à l'évocation de certaines tranches de vie de l'année passée, quelques élans de tristesse aussi à l'évocation d'une vie future rêvée qui certainement ne se matérialisera jamais.

Avant tout, cette année à part m'a rendue plus forte, plus calme, plus sereine. Elle m'a offert la capacité à apprécier le confort d'une vie établie et entourée, à valoriser les instants simples de bonheur. Changements peut-être imperceptibles et pourtant largement structurants.

Mais il n'y a qu'un instant à vivre, aujourd'hui et qu'un instant auquel il faut travailler : demain. La page est tournée. Voilà, après cette superbe transition d'un an, il est temps de commencer cette deuxième ou plutôt d'ailleurs cette troisième vie qui s'ouvre à moi en beauté.

Merci à toux ceux qui ont fait de mon retour une fête.

D'amour et d'air

"Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme qu'il faut bien aprendre à côtoyer, à combattre et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr." Nicolas bouvier, l'Usage du Monde.

Beaucoup de bonheur à tous ceux qui sont sur le départ.

Christelle.

 
 


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