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MongolieDu 28/05/04 jusqu'au 10/06/04 |
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Planète MongolieAprès un mois de voyage, après 36 heures de train dont 9 heures pénibles de passages des frontières russes et mongoles (qui se sont bien passés d'ailleurs malgré les petits "défauts" de mes visas et cartes d'immigration), très bonne surprise à Ulan Baator : on m'attend à la gare. Merci Matt! Je comprends une petite heure plus tard la raison : on m'attend pour partir pour 8 jours et 7 nuits pour le Gobi et compléter une jeep. 2 heures plus tard, sans vêtement propre, fatiguée, j'embarque donc avec Fiona (NZ), Mark (UK), Matt (UK) et Oggi, notre chauffeur pour... une autre planète. Le GobiVendredi. Ulan Baator - Première ger. Très vite, nous oublions la ville, les routes goudronnées, les maisons. Je découvre les pistes, kilomètres et kilomètres de pistes. Jamais plates, jamais droites, elles se multiplient à l'infini. Je vois le ciel, les nuages, les steppes herbeuses avec leurs lots de moutons, chèvres, chevaux. Des grues, des rapaces, des reptiles et des squelettes ou cadavres d'animaux en décomposition... Je découvre la vie en ger, ces maisons toute rondes et transportables. 1 ou 2 lits pour 5 ou 6 personnes, voire plus. Du fromage puant en 4 heures, en apéritif et au petit déjeuner. Le charme des toilettes panoramiques et du lavage au compte-goutte.
Samedi. Première ger - Erdendelay. Je vois les paysages jaunir, puis rougir. Je vois 6 bossses au loin, mes premiers chameaux, je suis sous le charme. Nouvelle famille d'accueil. "Hello, welcome, have sutitse"... "No, nein, water spasiva, no sutiste, look, tea bags, water".... "ah, Uss, that's it. Just Uss, yes". Merci, merci. Avec tout ca, je découvre la boisson de référence : le sutitse, en phonétique s'entend : le thé salé au lait. Et je trouve une parade pour obtenir de l'eau, un peu graisseuse mais on fera avec. Je fais quelques mètres sur une moto, derrière le père de famille et sa fille. Destination : les falaises du coin (photo 15) qui seront mes plus belles toilettes du séjour! Dimanche. Erdendelay - Ice Valley- Dalanzagbad. Nous commencons la journée par le tradionnel attrape touriste : le tour en chameau. Evidemment, c'est un must. Evidemment, je ne m'amuse pas. Il faut dire que depuis la dernière fois, j'ai une petite appréhension (voire page sur le Maroc pour ceux qui ne suivent pas). Nous roulons. Il n'y a plus d'arbres. Il commence à faire vraiment chaud même dans la vallée de glace (photo 25). Nous arrivons tard à Dalanzagbad, grande ville du sud de la Mongolie. Aussi glauque que toutes les villes mongoles, supermarché à pleurer, pas d'électricité dans les rues non pavées, pistes au milieu de la place principale, pas d'eau chaude, coupure d'electricité fréquente et surbooking des gers à touristes. Nous finissons donc à l'hôtel pour ne pas tester la vie à 12 dans une triste ger à 5 lits! Lundi. Dalangzadbad - Dunes. Nous roulons vers le Gobi de sable et ses dunes chantantes. Nous traversons la lune. Bébés chameaux aux bruits de motos de rally, espiègle petite mongole, sable, lune, chaleur. Le tableau est idyllique, aussi idyllique que la vie doit être dure dans cette région. Nous sommes seuls au monde, chacun des 4 a choisi sa dune pour observer le coucher du soleil, écouter un peu de musique ou juste se laisser prendre à une douce contemplation. Paris est si loin, je suis si au milieu de nulle part. Je suis si bien sur ce tas de sable pour lequel j'ai traversé une bonne partie du monde! Un bombardier B52 interrompt soudain ma rêverie. Ma dune vibre, elle enfle. Mais non, ce n'est pas la guerre, c'est la dune qui chante, qui pétule, voulez-vous dire! Nous courrons comme des fous dans la descente.
Jeudi. Waterfall - Karakorum. Après 3 heures de pistes, nous arrivons dans une des villes principales de Mongolie, Karakorum, la capitale de Genghis Khan dont il ne reste qu'une tortue et un pénis (je ne sais pas trop d'ailleurs si ce dernier est lié à Gengis ou non). Karakorum abrite ce qui fut un des plus importants monastères bouddhiques de Mongolie. Qui peut croire aujourd'hui à la splendeur passée de ce villagee perdu au milieu des steppes ?
Voilà, 1900 kilomètres de jeep, 2 kilomètres de chameau, 200 meètres de moto, nous voici de retour à UB. Nous sommes épuisés, à bout, cuits, saturés. Je suis heureuse et malgré le bruit auquel nous n'étions plus habitué, je m'endors paisiblement dans le grand lit de UB Guesthouse après une bonne douche. Vive le confort, vive la...civilisation...
Ulan BaatorUlan Baator est une capitale de pays pauvre : un petit centre avec quelques magasins de luxe (dont un bel Yves Rocher!!!), un magasin où un occidental peut trouver tout ce dont il a besoin et quelques musées, entouré par les quartiers pauvres. La nuit tombée, les gamins des rues nous aggrippent pour de l'argent. La nuit, la ville est glauque. Le jour, la chaleur moite m'assomme. Bref, on ne va pas en Mongolie pour les qualités touristiques de sa capitale et sans les amis, je n'y serais pas restée. Je profite tout de même de ces quelques jours pour aller écouter les lamas enseigner les textes et rites bouddhiques au grand temple de Gangis Keed.
Le passage de la frontière mongolo-chinoiseDès mon retour du Gobi, je suis allée à la gare pour acheter un billet de Transmongolien partant le lendemain. Après 4 heures d'attente devant la porte ouverte, mais encore fallait-il le savoir, du bureau 109 qui vend CE billet, une mongole nous explique en allemand qu'il n'y a pas de billet. Peut-être plus tard. Attendez. Oui, oui, et puis quoi encore, j'aurais essayé mais je crois que je vais suivre les conseils de Mr Kim de UB Guesthouse et choisir l'option train local + bus. Au passage, je vérifie les assertions du charmant jeune homme de l'ambassade de Mongolie à Paris : il faut s'y prendre tôt pour avoir une place dans les trains en partance d'Ulan Baator, même si je ne crois toujours pas que ce soit les touristes qui occupent majoritairement le train. Quelques jours plus tard, accompagnée de Magbrit et Suzan (DK), nous nous préparons tôt le matin à affronter la horde pour acheter un billet couchette dans le train local (ces billets ne s'achètent que le jour même, il faut arriver les premiers pour obtenir les couchettes). Sans passeport, pas de couchette au guichet 2, mais peut-être que le guichet 4 nous en vendra. Nouvelle queue donc pour obtenir finalement 3 places Assis dur. Après tout, qu'est-ce que c'est 15 heures assis dans un train bondé ? 15 heures plus tard, nous voici à la frontière mongole. A 13 dans un sous-compartiment de Platskartny normalement pour 6 couchettes (voir les photos sur la page Russie), nous arrivons malgré tout à dormir. Magbrit squatte le troisième étage normalement réservé aux bagages, les jeunes sont 2 ou 3 par banquette.Et puis nous avons fait la connaissance d'Anton (je simplifie son prénom mongol un peu plus long et compliqué que ca!). Anton parle très bien anglais. Il est guide touristique, champion mongol de Kayak, mais il avoue en riant que ses performances sont deux fois moindres que les championnes mondiales. Il est aussi ingénieur métallurgique, diplomé de l'Université de Moscou. Et là, il fait l'aller- retour sur Pékin pour aller acheter des cassettes et les revendre le double en Mongolie. 6 jours de trajet inconfortable pour gagner un peu moins de 100 dollars, soit bien plus que ce que pourrait lui offrir la Mongolie par ailleurs. Que de talent gâché! Anton nous guide pour passer la frontière à la mongole. Il est 7 heures du matin. Le but est de prendre à Erliang (ville frontière chinoise) le bus de 15 heures pour Pékin. Acte 1 : Le rush à la sortie du train pour trouver une jeep qui nous fera traverser. Acte 2 : Nous piétinons devant la frontière mongole qui ouvre à 8 heures. La frontière est materialisée par des barbelés qui traversent le Gobi et de chaque côté des édifices des douanes des deux pays. Il fait au moins 30 degrés a 8 heures. A chaque mouvement des officiers, nous nous préparons à l'assaut, nous nous entassons dans les jeeps, les moteurs vibrent et puis non, ce n'est pas pour maintenant. Cela recommence. Acte 3 : Plus d'une heure plus tard, nous passons les barrières. Nous devons prendre les sacs en vitesse, les formulaires, sauter de la jeep et courrir présenter le passeport à l'officier des douanes. Puis courrir à nouveau pour remonter dans la jeep et faire le petit kilomètre qui nous sépare de la frontière chinoise. Pas de contrôle, rien, juste le rush. Acte 4 : Les officiers chinois sont en réunion, la frontière n'ouvre donc que vers les 11h. Selon Anton, nous sommes mal positionnés dans la file pour passer avant la pause repas des officiers chinois. Il négocie des places dans les coffres des voitures qui sont plus à l'avant de la file. Magbrit et Suzan à 5 à l'arrière d'un minivan. Nous deux, deux voitures plus loin avec deux dames et les sacs à dos. Une heure plus tard, nous voyons Magbrit et Suzan passer et la barrière se fermer derrière elles. C'est la pause repas. Nous devrons attendre 2 heures de plus avant de passer en 2 minutes la frontière. Bienvenue en Chine! Il est près de 15 heures. Nous aurons le bus, juste à temps! C'était mes derniers instants en Mongolie. J'ai partagé l'ordinaire de centaines de mongols qui pour quelques dollars passent les frontieres régulièrement pour "faire du commerce". J'ai le temps de perdre du temps et ce n'est pas perdre son temps qu'être plongé au comble de l'absurdité d'un système qui impose un passage de douane en voiture, des horaires de douane délirants et facilite par ailleurs ces flux commerciaux et toute la corruption qui les entourent (Comment, à votre avis, Anton et les autres réussissent-ils à rentrer en Mongolie avec 200 cassettes enregistrables ?). J'oubliais. Evidemmment, pas de photos. Pas envie de passer mon année en prison au fin fond du Gobi (ces messieurs ne plaisantent pas avec les photos ici).
ConclusionMais où es-tu Genghis, empereur du plus grand empire que le monde n'aie jamais connu ? Mais où sont tes fiers guerriers qui faisaient peur au monde entier ? Y a-t-il tant de mysteres sous ces faces riantes en costume d'un autre âge qui me regardent sans rien dire, sans trahir leur pensée ? Pourrais-je m'habituer à être l'objet de cette contemplation infinie et bien souvent inopportune que nous réservent les mongols ? Mais de quoi parlez-vous entre vous, nomades, par les froides nuits d'hiver ? 12 jours, c'est insuffisant pour effleurer un mode de vie, une culture si différents des nôtres. Je quitte la Mongolie avec toujours plus de questions et de doutes sur les possibilités d'évolution de ce pays. Je pars les sens saturés d'images, de couleurs, d'odeurs, d'inconfort, de fatigue, de la chaleur et du froid.
Mais ne nous relâchons pas, c'est parti pour la Chine... |
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