Laos
Du 20/08/04 jusqu'au 04/09/04
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Ventiane, un petit tour et puis sans va...
Une fois de plus, la traversée de la frontière marque l'entrée dans un nouveau monde. Routes cabossées, peu de voitures, maisonnettes plutôt que maisons, me voilà bien au Laos. 22 kilometres plus loin, le tuk-tuk passe devant un marché de village, nous sommes au coeur de Ventiane, la capitale du Laos!
Ventiane est une charmante bourgade qui s'étire nonchalamment le long du Mékong, je suis marquée par les sourires magnifiques qui m'accueillent au détour des rues. Meme les tuks-tuks ont decidé de me laisser en paix et ne poussent pas bêtement à la consommation. S'il n'y a pas grand chose à voir ou à faire à Ventiane, il y fait indéniablement bon vivre au milieu d'un peuple pauvre mais au coeur joyeux et bon. Est-ce la marque d'un bouddhisme profondément ancré dans ce pays communiste?
Et puis à Ventiane, je retrouve mes baguettes à la Vache Qui Rit, mes fruit shakes et je me régale de ma meilleure noodle soup de l'année! Sérieusement, je protège mon estomac en ce moment fragile - cela m'apprendra à craquer pour la junk food occidentale vendue à Bangkok!, et je ne craque pas pour les pains au chocolat!
Peut-être à cause de mon estomac, peut-être que les quatre mois de voyage se font sentir, peut-être parce que je n'ai pas trouvé de compagnon de voyage, peut-être un peu à cause de tout cela, je décide de ne pas m'attarder à Ventiane et d'aller me reposer à Vang Vieng. Le lendemain de mon arrivée, je prends donc un bus pour le dit paradis des routards.
Vang Vieng
Paradis, je suis sure que Vang vieng l'a été,... il y a quelques années. Aujourd'hui, c'est une succession de guest houses et de restaurants à pizzas et hamburgers où les jeunes voyageurs se prélassent après avoir descendu la rivière en innertubes, sorte de grosses bouées. Projection de films ultraviolents, contraste entre les voyageurs arborant fièrement leur nudité et la modestie des habits laotiens, fumées en tout genre m'empêchent d'apprécier à leur juste valeur les paysages et les splendides couchers de soleil. A dire vrai, c'est un petit Yangshuo (voir carnet Chine), mais là, je suis seule, fatiguée et je n'ai pas envie de ce spectacle désolant.
Je décide donc de poursuivre ma route vers Luang Prabang, je ne me sens pas d'humeur à affronter la route 7 vers Phonsavan maintenant et je ne trouve personne qui souhaite la prendre. On verra à Luang Prabang...
Luang Prabang
Luang Prabang se cache derrière les montagnes. Je suis heureuse de voir à nouveau des paysages vallonnés, voir abruptes et encaissés, cela change de la platitude cambodgienne! Mais évidemment, en bus, j'apprécie moyennement. Bref, cinq heures de route de montagne, cela suffira pour aujourd'hui! Je pars à la recherche d'une guest house en compagnie de Sofia (Suède) et de Reinoud (NL).
Une ville classée patrimoine mondial de l'Humanité
Luang Prabang, je m'y sens tout de suite bien. Montagnes luxuriantes, rivières marron, tout le confort que l'on peut souhaiter mais pas trop et le bonheur d'être au milieu de gens souriants, voire riants. Je crois que je pourrais y rester...
Classée au Patrimoine mondial de l'Humanité, l'ancienne capitale du royaume du Laos arbore une trentaine de temples sur les soixante originaux.
Tuy, le jeune gérant de ma guest house, me propose de l'accompagner un matin pour donner à manger aux moines. A 5h30, on m'impose de porter une jupe et de m'agenouiller car je suis femme et que je me dois d'être en jupe et agenouillée devant les moines, dans la rue, avec mon plateau d'offrandes - riz gluant, bananes et bonbons. Une petite centaine de moines des temples voisins, de 8 à 70 ans, défilent dans leur robe orange avec leur sacs à nourriture et à chacun je dois donner un peu de mes offrandes comme tous les gens du quartier, femmes agenouillées, hommes debout, qui les attendent en ligne le long du trottoir. Les enfants aussi les attendent avec un petit panier vide en plastique ; les moines vont leur redistribuer une partie de ce qu'ils reçoivent! Ce rituel a lieu tous les quinze jours pendant les trois mois de période de retraite des moines, les autres jours, les moines reçoivent de la nourriture au marché ou des offrandes ponctuelles que les habitants portent dans les temples. Au début de l'année, les habitants du village leur donnent également du tissu pour leurs robes.
Mes deux derniers jours à Luang Prabang coulent au rythme de la cité, doucement, dans l'atmosphère douillette de l'Etranger, un beau cafe remplis de livre et de magazines et un grand choix de thés. Le bonheur, si je veux!
Autour de Luang Prabang
L'attraction de toutes les villes et villages du Laos, ce sont les grottes et les cascades. Je ne suis pas particulièrement amateur de grottes, je ne jugerai donc pas de celles-ci, mais les cascades sont souvent chères d'accès et bien décevantes. Cela dit, c'est chaque fois l'occasion d'une ballade en bateau sur le Mékong et au milieu des villages et rien que pour cela, cela vaut la peine.
Un petit tour à Old Muang Noy
Toujours indécise à affronter la fameuse route 7 pour aller à Phonsavan et la plaine des jarres, je décide de rejoindre Reinoud à Nong Kwiau puis Old Muang Ngoy pour ensuite continuer sur Phonsavan par l'ancienne route, la route nord.
Quatre heures de pick-up, gros tuk-tuk où l'on peut entasser 34 personnes sur les deux rangs de l'arrière du camion, moi au milieu sur une petite chaise en bois car je suis arrivée un peu tard, me permettent de rejoindre Nong Kwiau. L'option bateau, j'y ai cru, mais il me semble que depuis que la route est pavée, le bateau ne va plus jusqu'à Nong Kwiau. Dommage!
Sur les cartes, Nong Kwiau parait une ville carrefour importante. Elle l'est certainement à l'échelle du Laos. Un restaurant bien triste avec des toilettes infames, deux ou trois guest houses glauques, un pont qui enjambe la riviere et une magnifique montagne karstique qui domine le tout et pas de Reinoud, voilà Nong Kwiau. Une heure et demi de bateau plus tard, me voici à Old Mong Ngoy.
Old Muang Ngoy n'est constitué que d'une rue principale qui longe la rivière, 500m de long, remplie de guest houses et de restaurants. Jusque-là, cela ressemble à Vang vieng mais la comparaison s'arrête là. Très peu de touristes, moins que de guest houses à cette saison! Toutes les guest houses proposent les mêmes bungalows à 10000 kips soit moins d'un dollar la nuit. La seule variante est l'option rats ou fourmis mais ce n'est hélas pas un critère de choix car généralement, on ne découvre le problème qu'en pleine nuit. Moi, ça a été les rats qui ont mangé mes bananes la première nuit, d'accord, c'était naif de ma part, puis mes cachets au fond de mon sac et donc par la même occasion mon sac à dos et sa protection pluie la nuit suivante. Là, franchement, je ne m'y attendais pas, chapeau les rats. Un conseil donc : évitez la Riverside guest house, il y a désormais des rats mutants qui ont avalé un cachet de Propofan et des tablettes contre la constipation!
Bref, on se demande pourquoi ce village est dans les guides et pas les autres : rien de spécial à faire, grottes et petites cascades comme ailleurs, des locaux qui ne savent pas les indiquer, comme ailleurs, villages perdus au fond de routes boueuses, comme ailleurs, pancakes et riz frit comme ailleurs, électricité par générateur de 19 à 21 heures, comme ailleurs mais globalement on s'y sent bien. Evidemment, n'étant qu'aux prémices de mon apprentissage de la patience et autres valeurs bouddhiques, dormir avec des rats qui détruisent mon sac à dos, ma maison ambulante, cela m'a un peu chagriné sur l'instant, mais c'est deja oublié!
Toutefois, après trois jours de pluies torrentielles, la perspective d'affronter seule les trois ou quatre jours de route 6 en pick-up jusqu'à Phonsavan me repousse. Une dernière glissade sur le derrière dans la boue pour arriver au bateau achève de me convaincre, je renonce, assez de saleté, de vêtements qui ne sèchent pas dans cette atmosphère supra-humide, de bungalows mouvants, je décide de rester avec Reinoud dans le confort de Luang Prabang.
De Luang Prabang à Hua Xai
De Luang Prabang à la frontière nord avec la Thailande, c'est deux jours de "slow boat" ou huit heures de "speed Boat". L'idée de deux jours de bateau le long du Mekong m'enchante. Les bateaux lents remontent doucement le fleuve, déposant des pasagers dans différents villages le long de l'itinéraire. Il ne se passe pas grand chose à bord, le bois des bancs est dur mais nous avons au moins la chance d'être peu nombreux et d'avoir un siège complet par personne, siège de 70cm de long souvent utilisé pour deux voir trois personnes en saison haute! Deux fois neuf heures de bateau avec un arrêt à Pakbeng, c'est le temps de discuter avec les quelques autres touristes, de rêver, de profiter une derniere fois de ce fleuve terreux au milieu de la végétation luxuriante, de voir des dizaines de buffles roses incestueux et même quelques oiseaux, presque les premiers depuis ces quinze jours au Laos.
Et voilà, c'en est fini de l'"Indochine". Je ne pensais pas y aller, j'y suis restée deux mois et j'espere vite y retourner!
Conclusion
Je suis encore sous le charme du Laos et spécialement de Luang Prabang. J'ai découvert ce que voulait dire les expressions "peuple souriant", "gens adorables". Il fait bon vivre au Laos malgré les conditions difficiles que subit ce pays et une histoire récente tragique : savez-vous que le Laos a l'honneur d'être le pays qui a reçu le plus de kilogrammes de bombes par habitant, environ une demi-tonne, alors qu'il n'était même pas en guerre... Merci qui?
Quinze jours assez difficiles s'achèvent avec la déception d'avoir renoncer à une partie du voyage par peur de l'inconfort et surtout de me retrouver seule sur une route inconfortable. Peut-être pour la première fois, je mesure les limitations au fait de voyager seule, il m'a clairement manquer un deuxième moteur pour me pousser à aller plus loin!
La suite, c'est un court séjour en Thailande.
Dernières modifications : Septembre 04
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