![]() |
IndonésieDu 19/10/04 jusqu'au 17/11/04 |
||||||||||
|
Je suis impatiente d'entrer en Indonésie, ma destination finale par voie terrestre et la destination asiatique qui me fascine le plus. Beaucoup de voyageurs m'ont prévenue de la pénibilité du voyage dans ce pays immense, mais ma petite expérience de la chose me donne relativement confiance. Une arrivée épuisante![]() J'apprends rapidement à Singapour qu'en dehors d'Indonésie, il semble impossible d'acheter les billets de ferry de la Pelni, compagnie qui assure les liaisons longue distance par ferry entre les différentes îles indonésiennes. Je décide donc de partir au plus tôt pour Batam car je sais qu'un ferry, de fréquence relativement hebdomadaire, est sensé partir le surlendemain vers Jakarta. Batam, puante, bruyante et ruisselante île indonésienne à 40 minutes de ferry de SingapourL'arrivée sur Batam après l'aseptique Singapour prend à la gorge. C'est la déferlante de taxis ou pseudo-taxis qui se ruent sur moi, seule blanche au terminal des ferries. Tous pour me vendre un transport, personne pour me dire où se trouve l'office Pelni. Je ne comprends pas non plus les prix demandés pour les courses de taxi, quatre fois les prix indiqués dans mon Lonely Planet d'il y a trois ans et personne n'acceptant de ramener les prix vers un chiffre qui me semblerait raisonnable. Je me sens bien seule à Sekupang. Première desillusion passée, je me prends en main, repose la même question à trois personnes et conclus que l'office Pelni est à gauche du terminal, à 500 mètres. Sac au dos, je décide de m'y rendre. 500 metres plus loin, pas d'agence mais le port cargo. Un taxi passe par là, me propose un prix 30% inférieur aux prix précédemment avancés mais trois fois supérieur à mes attentes, je craque, il m'emmène à l'agence Pelni puis à Nagoya dans l'hôtel de son choix, très bien d'ailleurs. 28 heures de ferry "Economy Non Seat"Après une journée à Batam City (Nagoya pour les intimes) où ma simple présence a fait monter d'un décibel le bruit ambiant des rues au niveau pourtant déjà assez élevé - imaginez-vous une jeune femme blanche seule, le rêve des taxis, des possesseurs de motos, des mâles, des vendeurs, bref beaucoup de monde pour me hêler, klaxonner, siffler, moyennement heureuse de ces premiers instants en Indonesie, je suis allée tôt attendre le départ du ferry, dans un hangar en tôle où la chaleur s'est vite accumulée de manière intolérable. Evidemment, retard, piétinement, incompréhension. Le ferry est maintenant à quai mais les portes ne s'ouvrent toujours pas. Les plus hardis ou les plus bêtes, je ne sais pas, enjambent les barbelés et escaladent la porte pour se ruer vers le ferry. Finalement, il est presque 14 heures, c'est la cohue, les portes s'ouvrent et hommes, femmes, enfants, bébés, kilos et kilos de bagages s'engoufrent vers le ferry dans une cohue incroyable. Je ne comprends pas trop cette ruée mais je joue le jeu. Ai-je vraiment le choix de toute façon ? Je m'en sors bien car mes sacs me protègent et je peux avancer vite sans être trop bousculée. Je suis arrivée trop tard la veille pour acheter une place numérotée, même si l'on m'a assurée à l'agence qu'une fois sur le bateau, il n'y aurait pas de problème pour avoir un bout de matelas. Je comprends vite que non seat, c'est non seat. Le ferry est plein, plein, plein. Reste donc à trouver un coin pour passer 28 heures. Grâce à l'aide de deux indonésiens, j'atterris sous un escalier du dernier pont, à coté de sacs de ciment, d'une énorme araignée et entourée de petits cafards. Nous sommes huit dans ce petit coin. J'ai de la chance malgré tout, mon antre est une des plus sombres, des moins passantes, sacs protégés et je partage même deux matelas avec les deux indonésiens qui m'acceptent gracieusement. Un petit tour du bateau me fait réaliser que je ne suis pas la plus mal logée. Les gens s'entassent dans tous les coins, des bébés dorment au milieu du passage, par terre, des montagnes de sacs entravent tous les passages. Bref, condition d'hygiène mais surtout de sécurité loin d'etre optimales! Je pense au Jola,le ferry sénégalais qui a coulé il y a deux ans. Je me demande quand les voyages de ce type seront interdits et les conditions décentes de voyage accessibles à tous dans le monde. Jakarta la polluéeEnfin, j'en suis toute renversée, je suis passée de l'autre coté de la ligne dans la nuit ! Je suis en hémisphere sud. A dire vrai, je n'ai pas vraiment le temps de le réaliser. Une derniere bonne bousculade pour sortir du ferry, une marche salutaire pour rejoindre le terminal de bus, encore une heure de bus crasseux et grinçant et me voici débarquée au coeur de Jakarta en pleine nuit et en pleine brume de pollution. Je prends une chambre sur Jalan Jarksa, la rue des voyageurs petit budget et je souffre atrocement de la chaleur, des moustiques et de la pollution. Je n'ai pas l'impression d'être capable d'apprécier Jakarta dans ces conditions. Après une journée de repos, je décide de partir directement sur Yogyakarta sans visiter la ville dont un premier aperçu ne m'a pas enchantée. La recherche de la gare sans plan ne s'avère pas simple et évidemment, à chaque question posée, la réponse est "moto, taxi", même quand je suis à moins de 200 metres de l'entrée. Et même si je ne demande rien, je subis la triste litanie oubliée depuis le Cambodge : "moto, taxi, transport, hey, Miss, Mister, moto,...". Finalement, j'achète une place "business" pour le train du lendemain 6 heures. Fait notable, le lendemain, à 5h30 avec mes sacs, personne ne me propose un taxi et je dois faire le chemin à pied. Je vois sur le trajet des chinois pratiquant leurs éternels exercices du matin, en musique et pollution. Le train est pourri, poussiéreux et chaud, je me demande ce qu'est la classe économique. Je partage le wagon avec deux ou trois personnes faisant des cours trajet et deux garçons de compartiment tout à moi. Yogyakarta, ville tranquille![]() ![]() A l'arrivée sur Yogyakarta, le garçon de compartiment doit me dire deux fois qu'on est arrivé à la gare principale de Yogyakarta. Je m'attendais à une ville importante, j'ai l'impression d'être dans une petite ville de province, tranquille, sans bâtiment de plus de deux étages. La rue principale, Jalan Malioboro, est littéralement submergée par les cyclos et les carioles à cheval qui attendent les touristes beaucoup moins nombreux, me semble-t-il, que la population totale de ces taxis écologiques. ![]() Je passe quelques jours calmes à Yogyakarta. Entre mon hôtel et mon cybercafé, je ne fais pas beaucoup de déplacements. En soirée, je découvre le ballet du Ramayana, sous la pluie. Ce célebre ballet dans un cadre superbe, Prambanan, ne m'impressionne pas. Je déplore la mauvaise qualité de la majorité des danseurs non principaux, mais il y a si peu de touristes qui assistent au spectacle que l'on peut douter de la rentabilité et comprendre la démotivation des artistes. ![]() ![]() Quelques jours plus tard, je découvre le même Ramayana en version marionnette de cuir et spectacle d'ombres. Je suis le seul spectateur payant : 1,5 euros de recettes pour 16 musiciens, 4 chanteuses et un narrateur, sans compter évidemment le personnel de la salle. Quelle dommage une fois de plus! Je suis fascinée par le spectacle. Pas pour l'histoire, dont je ne comprends que le résumé en anglais que j'ai lu au prealable. Mais pour la violence des gamelans et des marionnettes. Alternance de longues pauses parlées et de scènes de bataille, j'attends, tel un gamin de cinq ans, le moment où les marionnettes volent littéralement sur le drap qui nous séparent. Peu importe la victoire du bon ou du méchant, seul compte l'emportement du rythme des percussions. Je comprends dans ces instants la fascination pour la guerre que peuvent générer de tels spectacles sur les jeunes spectateurs. Cette nuit-là, je m'endors au son des gamelans. Les alentours de YogyakartaLes alentours, au sens large, de Yogyakarta sont extrêmement riches en attractions touristiques. Terre de volcan, terre de peuplements anciens et raffinés, Java Est propose quantité de temples à visiter et volcans et villages à decouvrir. Prambanan, complexe de temples hindous
Tout près de Yogyakarta, le premier complexe de temples que je découvre est Prambanan. J'ai du mal à trouver une justification aux 10 dollars d'entrée (ou un peu plus cher encore en roupies) pour ces temples hindous, certes du Xeme siècle. Je suis toutefois impressionnée par le peu de touristes. J'ai même le privilège de visiter entièrement seule un petit temple un peu plus isolé que les autres et pourtant magnifique. Mon seul compagnon sera un beau scarabée, je n'y vois pas même un gardien. Chris Tour a frappéPleine d'énergie après ces jours tranquilles, je décide de me concocter un petit tour sympathique pour fêter mes six mois de voyage. En quatre jours, 3 nuits, je me propose de visiter Dieng Plateau puis revenir sur Borobudur avant de continuer sur Selo, petit village au pied du Gunung Merapi, un des monstres volcaniques de l'île. Dieng, 2000m, le plus haut village de JavaDe bonne heure, je me rends à la gare routière de Yogyakarta, que je commence à bien connaître. De là, un bus pour Magelang, puis une connexion pour Wonosobo puis un bemo pour rejoindre le bus pour Dieng. Cinq bus et huit heures plus tard, ayant frôlé la catastrophe dans un bus non maîtrisé par son chauffeur, j'arrive à Dieng où il fait gris et froid. J'enfile polaire et veste, avale une bonne soupe de légumes comme à la maison et pars faire la sieste. La soirée se passera tranquillement à regarder la télé et discuter avec Makmo, le jeune gérant de l'hôtel, très sympa et seul indonésien que j'ai croisé qui ne fume pas, à saluer! ![]() Ce n'est que le lendemain matin que je découvre la beauté de ce village étendu dans le cratère d'un ancien volcan. Les villageois sont déja dans les champs à travailler à l'irrigation à l'eau sulfureuse ou à l'entretien ou au ramassage des pommes de terre, poireaux, choux et carottes qui font l'essentiel des cultures ici, lorsque je me réveille. Il est 5h30. Un magnifique soleil inonde le cratère et les temples Arjuna qui y réside depuis le VIIIeme siecle. Je me propose de monter une collinette pour mieux voir le village et finit par une belle escalade de bamboos assez sportive puis redescend voir le souffre bouillonnant du cratère Iskawa. Bonne ballade de quelques six heures. Il n'est pas midi que je me mets en route pour Borobudur, après une bonne douche chaude pour essayer d'enlever de moi l'odeur de souffre. Nouvelle série de bus locaux pour arriver à la tombée de la nuit à Borobudur. Borobudur magique![]() ![]() ![]() ![]() Je passe la soirée avec un couple américano-japonais et quelques jeunes indonésiens. Le matin au lever du soleil, je découvre le fameux temple de Borobudur depuis la terrase de ma guesthouse. Caché parmi les arbres, seul le dernier étage, l'étage des stupas, apparaît. La découverte du temple est un régal, longue succession de bas-reliefs. Le travail de réhabilitation du temple est impressionnant et même si certaines pierres ne sont visiblement pas à leur place, j'admire aussi bien la conception des bas-relief que leur restauration. Je passe trois heures fantastiques à gravir doucement les étages du temple, la vie du bouddha s'étale sous mes yeux mais je suis trop fascinée par les détails pour vraiment chercher à comprendre le livre qui se déroule devant mes yeux au rythme de mes pas. La qualité des bas-relief est tout simplement impressionnante pour des artistes du IXeme siècle. La relative petite taille de Borobudur et le calme extraordinaire dans les ruines désertées, une fois encore, par les touristes, en font pour moi un meilleur souvenir que l'immense, trop peuplé et trop prolixe complexe de temples d'Angkor Vat. Il est midi lorsque je pars pour ma derniere étape de ce petit tour épuisant pour les conditions de transport mais regénérant pour la beauté des lieux. Je dois me rendre à Selo. Selo et le volcan MerapiPremière connexion à Muntilan, de là, on m'indique le bus que je dois prendre. C'est le premier et seul bus que j'attendrais en Indonesie. Ils sont généralement miraculeusement toujours là, et toujours près à partir, même pour s'arrêter quelques cent mètres plus loin. Première grave déconvenue, le bus s'arrête dans un village au milieu de nulle part où l'on me dit d'attendre une bemo, petit bus pour simplifier, pour Selo. Je ne sais pas où je suis car le village en question n'est pas sur ma carte. Après peut-être une heure ou deux d'attente, un chauffeur me dit que l'on part pour le prix accordé, que je n'ai d'ailleurs pas négocié, soit 5000 roupies. Le trajet s'avère beaucoup plus long que je ne le pensais et je suis pratiquement la seule passagère. Je deviens même la seule passagère et c'est là que le chauffeur s'arrête et me dit de le payer et d'attendre un autre transport. Je sais encore moins où je suis et je commence à m'inquiéter de ne jamais arriver à destination, sans pour autant pouvoir repartir d'où je suis. Je descends de son bemo mais refuse de le payer car je ne suis pas à la destination convenue. Il finit par craquer et me dit qu'il me conduira à destination mais pour plus cher soit le double, 1 euro. Evidemment, il me faut refuser car ce petit jeu peut continuer longtemps. Sur les peut-être dix kilometres restant, je tiens bon à chacun de ces assauts répétés pour me demander de l'argent. Je suis épuisée lorsque je vois le panneau Selo. Enfin, j'y suis et je reconnais que ces 5000 roupies, c'est bien peu pour un trajet si long et sans autre passager. Mais, à ma surprise, mon chauffeur est certainement encore plus terrorisé que moi, certainement à l'idée d'avoir perdu son temps, si ce n'est son argent. Arrivée à bon port, je lui donne la somme qu'il reclamait, soit le double de son offre initiale. Nous aurions certainement pu eviter une inutile tension pour les deux si j'avais pu lui faire confiance sur sa volonté de m'emmener à destination en acceptant son nouveau prix. Je ne pense pas toutefois que je pouvais me permettre de baisser la garde. Je ne sais pas quoi faire à Selo. Le Merapi est dans la brume. L'arrivée a été psychologiquement dure et je me trouve au milieu de nulle part. Partout, je vois des affiches de Home Stay mais aucune ne me donne confiance. J'entre finalement dans un hôtel accompagnée de cinq ou six pseudo guides qui veulent me vendre leur service pour la montée de nuit du volcan. L'hôtel n'a miraculeusement plus que des chambres classées luxe selon ses propres standards mais les prix restent abordables. Je suis la seule cliente. Reste à trouver un guide. Tous ces messieurs semblent ne rien connaître à la montagne, c'est impressionnant et il commence à pleuvoir. J'accepte un deal presque à contre-coeur avec deux d'entre eux puis je vais dormir. Réveil prévu à 1 heure. A 20 heures, on frappe à ma porte-fenêtre pour me proposer des services de guide. Je ne comprends pas ce qui se passe, il pleut toujours et je m'inquiète de plus en plus des guides. Je leur indique que si la pluie continue, je ne monterai pas et je ne leur dis pas que j'espère que la pluie continuera car j'ai maintenant une trop grande méfiance dans ces guides. A 1 heure, il ne pleut plus mais le ciel est couvert. Je renonce, soulagée. Les guides repartent. A deux heures, un des guides réapparait. Il veut rentrer dans ma chambre, dont prudemment je n'ai pas ouvert la porte. Je lui hurle de partir, ce qu'il fait après un certain temps. Je n'ose pas m'endormir. A trois heures ou un peu plus, il réapparait. Je ne réponds pas mais je l'entends. Il va rester largement une heure devant ma porte à murmurer le peu d'insanité qu'il connaît en anglais. Finalement, un bruit caractéristique de frottement de manche le long de la veste ne me laisse aucun doute sur son activité. Ce n'est qu'ensuite qu'il me laissera tranquille. J'attends le jour et les bruits de la maison pour somnoler une heure puis je range vite mes affaires sans bruit, sans lumière et je pars de cet hôtel et de ce village, sans même jeter un regard sur le Merapi. Je retrouve vite la lenteur des bus et le défilement des paysages superbes et des villages cahotiques et infernaux. Cinq heures plus tard, je suis à nouveau à Yogya, dans mon petit losmen. Je m'endors paisiblement après ce petit séjour riche en émotion et magnifiques images. Le Bromo![]() ![]() Dès le lendemain, je prends un transport privé agence, luxe que je m'offre au double du prix du bus local. Ce n'est finalement pas une très bonne idée. La durée de trajet est à peine ecourtée car le trafic est dense et nous crevons tout près du but. Je souhaitais par ailleurs croiser d'autres touristes mais le minibus ne véhicule que trois autres touristes peu motivés pour discuter une langue qui ne soit pas le suisse-allemand - eh oui, cela arrive! Je décide de ne pas me lever pour le lever de soleil sur le Bromo. Je pars seulement vers huit heures, à pied pour un grand tour de six heures vers le point de vue du Mont Penekerjaan a 2770m puis une descente sans fin vers la mer de sable. Sensation particulière de traverser cet immense cratère recouvert de suie, seule, couverte de la tête au pied pour me protéger du soleil et de la poussière qui rend l'atmosphère difficilement respirable. Le Bromo est immense et vide. A 14 heures, je suis de retour à l'hotel et vais dormir! L'Ijen ou la valeur de l'airA yogyakarta, préparant la suite de mon voyage, j'ai eu l'idée de visiter le site de Marches Lointaines et vu les extraordinaires photos de l'Ijen. Vous conviendrez peut-être de mon manque de préparations préalables et mon inexcusable retard télévisuel sur ce sujet immortalisé par Nicolas Hulot, toujours est-il que ces photos me décident à aller voir de plus près ce volcan. Le trajet entre Bromo et Ijen n'est pas long sur la carte mais il est particulièrement fastidieux par transports locaux. Je deviens victime d'une arnaque grossière à la gare de Probolinggo où je ne sais pas comment payer un tarif raisonnable le billet de bus. Lasse de discuter, je laisse la misérable victoire de 2 euros de trop à la communauté de faux et vrais vendeurs de billets de bus de cette gare. Pour la suite, j'ai la chance de croiser un guide qui m'aide à obtenir le vrai bon prix du transport. Sam, tu es le seul à avoir agi ainsi avec moi, sois remercié pour ton honnêté. Car il faut dire que généralement, même les charmantes dames passagères n'hésitent pas à se ranger du côté du garçon de bus pour m'extirper quelques roupies de trop, criant haut et fort qu'elles viennent de payer le double de la somme que je leur ai vu remettre. Sempol est le dernier village avant l'Ijen, à une dizaine de kilomètres de son entrée. C'est à peu près tout ce que je sais de l'endroit. Sam m'a aussi mentionné l'Arabica, où il logera un de ces groupes. Le terminus du bus est Sempol donc j'attends patiemment le terminus. Tout le monde dans le bus sait que je cherche un home stay. A un contrôle de police, on me demande si je veux aller le soir vers l'Ijen mais on m'indique aussi qu'il n'y a pas d'"homestay" là-haut. Le bus continue donc sa route dans un paysage superbe de plants de café et s'arrête devant une usine de café en me disant "homestay". Echaudée par mon expérience à Selo et ne voyant aucun hébergement , je leur indique que je veux aller à Sempol et mentionne l'Arabica en désespoir de cause. Ce n'est que lorsque je vois le bus prendre la route en sens inverse que je comprends que nous avions dépassé Sempol pour le village suivant. L'Arabica s'avère être également une usine de café, dont les prix d'hébergement sont prohibitifs. La réception m'indique pourtant un hébergement sommaire mais moins cher à l'entrée du parc mais pour cela, il faut trouver une moto. Et comme d'habitude, dans ces moments-là, personne n'est intéressé par transporter mes deux sacs. Un kilomètre à pied plus loin, un peu de stop involontaire, une tentative de négociation des prix du taxi-moto pour mon troisième passage du contrôle de police et me voilà en route pour le parc où le logement est désastreux, la nourriture réduite à des nouilles instantanées mais la rencontre de Medhi, un belge amateur de volcans, égaille largement le tout. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() L'Ijen, chemin d'accès facile et agréable et en haut des yeux qui s'ouvrent tout grand devant la majesté du spectacle. Je suis bouche bée. Il est fantastique. Les fumées toxiques de souffre, scianure et autres charmants composés font que la descente dans le cratère est officiellement interdite. Toutefois, pour gagner quelques roupies, des porteurs descendent tous les jours dans le cratère pour en remonter du souffre qu'ils vendent au kilo. Les fumées toxiques ne sont pas constantes mais de plus en plus fréquentes en ce moment selon les gardiens du parc. Nous descendons et sommes rapidement pris dans un nuage. L'air devient irrespirable, les yeux piquent, la gorge brûle même en respirant à travers un baillon. Les fumées non laissent une minute pour prendre quelques photos et remonter au plus vite en dépassant les porteurs. Pendant une fraction de seconde, je me sens asphyxiée et puis l'air devient moins chargé. La remontée me parait malgré tout bien longue. L'Ijen ou une lecon sur la valeur de l'air et sur un des plus difficiles moyens de gagner quelques euros par jour. Sumbawa ou l'île de la désolation![]() La descente sur Banyuwangi est superbe. La route est presque carossable et je ne dois decendre de la moto qu'une seule fois tant la pente est raide. Le paysage est magnifique. Et puis c'est une nouvelle arnaque sur le prix des bus, le ferry pour Bali et une arnaque de plus sur le prix du bus vers Denpasar. Si je ne perds pas beaucoup chaque fois, mes principes sont touchés au vif. Je n'arrive pas à accepter le mensonge qui crée l'arnaque sous prétexte que c'est la revanche du pauvre sur le riche touriste dans une culture où il n'est pas possible de dire : "le prix est de 10000 roupies pour les locaux mais pour les touristes il est de 15000". Mais acccepterais-je de payer plus pour subir les mêmes arrêts, les mêmes seaux de poisson humant sur mon sac ? A Denpasar, je prends un bus longue distance pour Sumbawa Besar. 12 heures de transport dont deux trajets en ferry pour traverser Lombok.
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() A Sumbawa, il n'y a rien. J'imagine un tour de quatre jours pour parcourir l'île, s'arrêter dans les superbes villages de pêcheurs, découvrir une grange qui servait de palais au sultan, des mosquées rouillées et déglinguées, manger de la chèvre avec des oignons, la principale exportation de l'île, gagnée sur ce sol désertique par des travaux d'irrigation colossaux, traverser des villages sur pilotis qui ont la beauté de la misère. Et puis on arrive à Sape, magnifique village du bout de l'île, du bout du monde, fantastique dans la lumière du soir, traversé au gré du bémur, le petit taxi à cheval. De là, on embarque pour Flores et Labuan Bajo. Paris - Komodo par voie terrestreLabuan Bajo![]() ![]() Aussi fascinant peut être Sape, aussi pénible est Labuan Bajo qui s'est développé au gré du tourisme vers Komodo et les fameux dragons. La pression touristique est à nouveau forte et pénible même si le nombre de touristes n'est pas à la hauteur du nombre d'agences en cette saison. Les varans de KOMODO![]() ![]() ![]() J'embarque avec six autres touristes miraculeusement réunis par Jack, un petit agent touristique sympa, pour partager un bateau pour Rinca. Rinca et Komodo sont les deux îles sur lesquelles on peut voir de drôles d'animaux qui nous arrivent tout droit de la préhistoire : les dragons de Komodo, espèce étrange de gros lézards réputés pour leurs dents acérées que je ne verrai pas. Mes dragons sont plutôt apathiques sous la chaleur, mais peut-être est-ce mieux ainsi? L'île est une succession de paysages désesperants, paysage de jeux vidéos pour mes compères singapouriens. Oui, en effet. ![]() Voila, je suis arrivée au bout de mon monde en voie terrestre. Je commence le retour, non sans un dernier regard sur Labuan Bajo.
Bali![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Bali. Après un long trajet de retour depuis Flores, me voici à Ubud où j'ai élu domicile dans un bel hôtel, pas trop backpacker mais c'est pour cela que je l'ai choisi. Merci à tous ceux qui ont participé à ce beau cadeau de confort que je m'offre maintenant. Ubud, village où les dieux sont omniprésents, les rizières colorées de canards, les maisons temples, les hôtels galleries-cafe, les poussins verts, les chiens errants, les femmes belles se lavant dans les rivières et les rizières. Village ultra-touristique mais qui garde encore une âme, destination vacances de rêve. Suis-je encore en Indonésie ?
Le mot de la finJ'écris ce carnet de Bali, l'île des dieux, havre de paix et de sérénité dans un pays bruyant, crachant et poussiéreux. Je souhaitais transcrire rapidement les moments de rage, presque de haine devant le comportement des indonésiens face à une touriste blanche et seule. Voyager seule en Indonésie change radicalement le rapport avec la population locale : si les écolières voilées sont fascinées de voir une femme capable de se déplacer seule avec son sac, les hommes, du moins les moins éduqués et de tradition musulmane, voient ou donnent l'impression de voir en moi un objet de plaisir et d'argent faciles à obtenir. La frontière entre eux et moi est telle que la seule parade est de les ignorer complètement, ce qui n'est ni facile, ni agréable, ni intéressant pour une voyageuse. Déjà les coups de gueule exprimés ou ravalés s'estompent et bientôt je ne garderai de ce pays que les images impressionnantes que j'ai accumulée dans ma tête et certaines sur ce petit écran, que les bonnes rencontres, que ma tristesse devant la pauvreté criante à Java ou Sumbawa, devant la désertion des touristes pour une destination pourtant si magnifique et si riche. Je retiendrai simplement que l'Indonésie m'a offert le challenge de situations nouvelles que je n'ai pas toujours su bien appréhender dans un cadre pourtant qui ne m'a jamais imposé de remettre en question ma securité. Une expérience que finalement je ne pourrais que recommander à... toutes. 30 petits jours ne permettent que d'avoir une vision bien superficielle et partielle de cet immense pays, aux 17000 îles et aux innombrables éthnies. Les conditions de transport souvent catastrophiques, bus préhistoriques, trafic intense et incontrolé dans les villes, rendent les déplacements longs, pénibles et épuisants. Mais après une bonne halte détente à Bali, je me sens déjà prête pour en découvrir plus.
Avant de continuer sur Bornéo, vous pouvez consulter un carnet spécial, le carnet des 200 jours. A bientôt pour la suite.
Le quizz du moisQuels sont, selon vous, les trois français les plus connus en Asie?
|
||||||||||
Dernières modifications : Nov 04 © 2004 - 2010 ![]() |