Expédition vers l'Antarctique

Du 08/02/05 jusqu'au 04/03/05

 

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Antarctique, continent de la paix et des sciences

carte presque correcte du voyage - a l exception des Macquarie

Voila certainement le carnet que vous attendez tous et certainement le carnet le plus ennuyeux de tous mes carnets de voyage car l'Antarctique, ce n'est que quelques bouts de glace dans une eau gelée entourant des montagnes enneigées. Bref de l'eau sous toutes ses formes dans un environnement aux déserts les plus secs au monde, une terre inhumaine qui abrite quelques animaux uniquement le temps de leur reproduction, quelques hommes le temps de lutter contre ou pour leurs rêves.

In the footsteps of Scott and Shackleton, dans les pas de Scott et Shackleton, commence un voyage préparé et encadré par Heritage Expeditions à la découverte de la partie sous contrôle néo-zélandais des rives de l'Antarctique.

 

C'est parti, calibrez bien votre écran. L'Antarctique, c'est une expérience qui se partage très mal en photo et peut-être tout court. Sur quelques 700 photos prises, près de 20% ont pour objet des manchots, 10% d'autres animaux, 20% des icebergs et autres formes de glace, 20% des natures mortes, 10% l'océan, 10% le bateau et 10% la vie sur le bateau, ce qui couvrent à peu près le spectre entier des sujets photographiques à disposition. Toutes les photos publiées sont en couleur et votre moniteur peut en mettre en valeur des millions mais ne vous inquiétez pas si vous croyez être revenu à l'âge du noir et blanc, c'est un effet normal dans ces régions.

Une dernière remarque, j'ai séparé les photos de ce carnet en trois groupes et donc trois diaporamas différents qui ne s'enchaînent pas : les îles subantarctiques, la mer et l'Antarctique.

Le 07/02/05

Cette histoire a commencé il y a un an et demi, tout début janvier 2004 , par la découverte d'un site web lors de ma préparation pour mon voyage. Après quelques mails échangés avec Shirley Russ, j'ai définitivement réservé ma place à bord du Spirit of Enderby de l'agence Heritage Expeditions pour 25 jours de croisière, bateau, expédition, choississez le vocable à votre convenance, qui devrait m'amener au bord de l'Antarctique. J'avoue que j'ai encore du mal à définir cette folie financière peu adaptée d'après les statistiques de l'IAATO à mon âge.

Rêve de glace, peur de la frustration de n'arriver qu'au début du vrai voyage, découverte des voyages en mer, à la veille d'embarquer, je ne m'interroge même plus sur ce que sera ce voyage et gèle mes sensations dans une attente presque sereine.

Introduction au voyage

Henri, le tuatara

Je me sens coupable d'avoir dénigré Invercargill dans mon dernier carnet. Le soleil du soir sur les façades donne un air bien sympathique à cette petite ville qui finalement est peut-être une des plus charmante de ce coin du monde, charme certainement très éprouvé lors des longues soirées d'hiver. Et puis, j'ai depuis découvert Henri, le tuatara d'au moins 70 ans, figure emblématique du superbe musée de la ville.

Achat des pilules anti mal de mer, gumboots et réception du colis de France avec quelques compléments vestimentaires, fin prête, je me présente à l'hôtel pour rencontrer les autres participants. Je découvre Sally avec qui je partage une cabine. J'identifie quelques rares têtes jeune émergeant au milieu des cheveux blancs ou poivre et sel. La majorité des participants sont néo-zélandais ou australiens. Il y a visiblement plus de femmes que d'hommes et plus de femmes voyageant seule que d'hommes seuls.

Soyons honnête, le grand soulagement de cette premiere nuit, c'est de découvrir que Sally ne ronfle pas, préoccupation qui me paraît bien futîle désormais après avoir subi les cracs du bateau, le ronronnement constant de la climatisation (merci climatisation, sans toi, que serais-je devenue ? ) et la dégringolade des objets par les nuits les plus osées.

Le Professeur Khromov

Mais reprenons notre histoire d'avant le vrai début. Il est huit heures, jour 2. Premier petit déjeuner en commun dans la salle de l'hôtel. Le programme distribué la veille est presque respecté, ce qui sera peu souvent le cas par la suite. Nous ne découvrons le bateau que vers midi, merveille russe d'une vingtaine d'années pilotée par un équipage entièrement russe, et son équipe de bord composée du reste de la famille Russ, d'un conférencier, d'un membre du Department of Conservation de Nouvelle-Zélande et d'un docteur. Eh oui, Heritage, c'est avant tout une affaire de famille emmenée par l'énergique Rodney, secondé par ses fils d'à peine plus de 20 ans mais avec une expérience de la mer et de l'Antarctique accumulée depuis dix ans de voyage.

Le voyage commence réellement maintenant, en trois temps, l'aller, le cabotage et le retour et deux mesures, le subantarctique et l'Antarctique et un chef d'orchestre, la mer.

 

Les îles subantarctiques

Après une journée de mer et avant la dernière journée, nous faisons trois arrêts aux îles de Campbell, Auckland et Enderby. je les regroupe par communauté de thème et de couleurs ! Voici le diaporama des photos en gris et vert.

Campbell Island

Campbell Island est en ce moment déserte mais de nombreux chercheurs néozéélandais y passent de longs séjours. Après une tentative de colonisation et de mise en place d'une ferme, un programme massif d'éradiction de tous les animaux non endémiques et en particulier les rats permet à l'île de retrouver peu à peu son état originel, un havre de paix pour les albatross, quelques manchots rock hopper et des éléphants de mer qui font leur nid au milieu d'une flore riche.

Premier briefing pour connaître les conditions de débarquement, les activités prévues à terre, les couches de vêtement à empiler et le type de bottes à chausser. Nous voila fin prêts pour notre premier débarquement par zodiac, sur une jetée en dur.

sea lion Vue generale de l île En balade pleurophyllum - detail cote Rock Hopper Penguin rata antipodes wanderer albatross royal albatross paipet et bulbonella Albatross Royal

La marche de quelques huit kilomètres autour du sud de l'île commence en beauté à essayer d'éviter un groupe d'éléphants de mer sur notre route. Je subis le contre-effet du mal de mer et la première heure, je lutte contre le roulis dans ma tête, puis je profite pleinement du spectacle des albatross, des paipets et de la flore de l'île. Rodney introduit à mon vocabulaire un concept qui formalise assez bien ma misérable condition dans certaines contrées de Nouvelle-Zelande : les vertically disadvantaged, qui disparaissent littéralement dans le bush et sont submergés dans la boue. Peu importe, mon pantalon en a vu d'autres et devrait pouvoir tenir le temps du voyage. Cette journée superbe se termine par un bain de pied pour reprendre le bateau.

Mourrant de faim après avoir manqué le dîner de la veille, je me rue sur les gateaux au chocolat au retour. Erreur fatale qui va me faire sombrer plus vite que prévu dans le mal de mer et a provoqué en moi un dégout du sucre qui persiste encore après 25 jours.

Auckland Island

Les îles Auckland et Enderby ne sont qu'à 24 heures de navigation de Bluff. Elles matérialisent la fin de la longue remontée depuis Cap Adare et la fin de mon séjour prolongé au lit. C'est avec désespoir que je dois lutter contre des nausées violentes alors que le bateau est ancré à l'abri des côtes de l'île d'Auckland. Je subis avec une violence imprévue le retour à la stabilité. Dans ces conditions piteuses, je n'apprécie en rien cette île et l'histoire des nombreux naufrages qui y ont eu lieu, sa tentative de peuplement et les heures d'isolement des gardes côtiers pendant la guerre. Pas de photo.

Je suis malgré tout heureuse que nous ayons fait cet arrêt. Car la marche a été salutaire et je sors enfin du cercle vicieux des nausées et des maux de tête. La galere est finie pour moi. Je remplis enfin correctement mon estomac par un repas avalé avec les autres dans la salle à manger...

Enderby island

... Et je me lève en pleine forme ou presque le lendemain pour profiter de la fantastique île d'Enderby, paradis d'une faune si peu habituée aux hommes qu'elle ne les craint pas. Certains des habitués des visites de l'île trouvent le temps parfait, je n'irai pas jusque-là. Les deux premières heures, une brume intense recouvre l'île et puis la pluie ne nous laissera que peu de répit. Mais armée des vêtements de ski, peu importe. Le spectacle des manchots Yellow-Eyed à moins de cinq mètres de nous est fantastique et puis les albatross, les cormorans, les phoques qui nous poursuivent, les canards sauvages, les skuas, les coquillages,... Je m'arrête la.

mist yellow eyed pinguin algues phoque cormoran yellow eyed moulting + chick

Enderby marque la fin du voyage. Le dernier acte, c'est enfin une vraie mer déchainée qui impose le lit pendant 20 heures, pas de gros changement pour moi et si je ne dors que très peu vue l'agitation du bateau, ce n'est de loin pas mon plus mauvais souvenir des derniers jours.

La mer

Bouee porthole Premier Adelie Wessel sur pack ice coucher de soleil mer glacée

La mer, l'incontournable du voyage. J'en découvre de nombreuses facettes et textures pendant ce voyage : mer calme qui sert de piste de décollage à un albatross, mer d'huile glacée et puis les premières glaces et les premiers habitants de la glace : les manchots Adélie et les Wessel, mer fantastique sous le soleil, mer de glace infranchissable.

Captain Nicolai Marins russes le radar navigation Dans les glaces et le blizzard

Je découvre aussi notre petit bateau de 70 mètres. Bateau russe de type ice cracker, capable de passer à travers une couche de glace fine mais pas de faire son chemin jusqu'à McMurdo, bateau de fait plus stable qu'un véritable icebreaker mais tout de même loin de mes bons vieux ferrys !

Les relations avec l'équipage ne sont pas simples car j'ai relativement oublié mes bases de russe et l'équipage n'a qu'un anglais bien approximatif. Cela n'empêche pas les tentatives de conversation, les sourires et même la solicitude du capitaine qui me conseille lorsque je viens le saluer de prendre quelques kilos avant de revenir. Charmant monsieur, démonstration d'impassibilité.

Nous parcourerons finalement 4400 miles nautiques à une moyenne de 9 miles nautiques par heure et descendrons jusqu'à la latitude 77'39. Nous avons eu des conditions de mer exceptionnellement favorables avec seulement trois tempêtes dont une de force 12 sur l'échelle de Beaufort (vagues de 25 mètres, hummm).

Je découvre aussi les effets dévastateurs du mal de mer, les moments de déprime où l'on pense que l'on ne sera jamais capable de sortir de son lit de tout le voyage, les effets secondaires catastrophiques sur moi de quatre médicaments anti-mal de mer et la frustration de ne pas pouvoir profiter de tous les moments avec les autres passagers car je dois souvent rester confinée dans mon lit.

Pendant les longues traversées, les jours s'organisent et sont ponctués par des séries de conférences et vidéos sur différents aspects du voyage, principalement les grands explorateurs, Scott, Shackleton, Admunsen, la faune et la flore et la vie en Antarctique. C'est presque comme à l'école et je ressens avec plaisir le frisson intellectuel d'approfondir progressivement mes connaissances d'un sujet donné.

Antarctique

Cinq jours après le départ de Bluff, nous, enfin plutôt le capitaine, car moi, je suis au fond de mon lit, apercevons le premier iceberg. Ce n'est que le lendemain avec une accalmie de mon estomac que je vois mon premier et le surlendemain que nous passons le cercle Antarctique. 66'30 degrés de latitude sud. La température chute doucement mais surement, il est désormais fortement recommandé de ne pas quitter sa veste polaire et ses gants pour sortir sur le pont. De mon hublot, je vois la glace défiler autour du bateau.

Cap Adare

Un jour et demi plus tard, après cinq jours et demi de navigation, nous atteignons Cap Adare, le premier bout de terre depuis quatre jours, étrangement ensoleillé, plage de cailloux et une petite hutte au milieu : la hutte où Borchgrevink, le premier, en 1899, à passer avec son équipe un hiver sur ce bout de terre balaié par les vents. Quelques Adélie nous accueillent, des jeunes trop jeunes qui n'auront certainement pas le temps de forcir suffisamment avant l'arrivée de l'hiver et risquent fort de mourrir vite. Le reste de la colonie est déjà partie dans la banquise.

Cap Adare Adelie debarquement des naiades Adelie et bateau Adare avant la tempete

Le débarquement n'a rien d'une partie de plaisir, principalement pour les hommes qui dans une eau à -1,8 degres doivent retenir les zodiacs contre l'action de la houle pour nous permettre de débarquer sans être totalement mouillés.

Antarctica spell

Nous reprenons la mer pour descendre le long de la côte. Le prochain stop prévu est Cap Hallet où les montagnes transantarctiques plongent dans l'eau. Nous y arrivons le soir vers 22h mais la luminosité est faible et Rodney préfère attendre le lendemain matin pour nous y débarquer. Cela m'arrange car je suis de nouveau au lit. Erreur stratégique cependant, car la glace a envahi la baie pendant la nuit empêchant de travailler avec les zodiacs en sécurité. Je ne regrette pas de pouvoir finir ma nuit car j'ai enfin découvert la pilule qui me permet de dormir presque sereinement, le sturgeron. La lumiere quasi constante me gêne particulièrement pour dormir.

Je me réveille en pleine forme, reprends le cycle de conférence, les abdos en regardant les icebergs et essaie même de lire un peu. Nous naviguons tranquillement vers Terra Nova. je découvre que l'on peut se sentir juste en forme sur un bateau.

J'ai du mal à trouver le sommeil après tant de repos forcé. Je suis perturbée vers 23h30 par un halo orange intense depuis mon hublot. Je me lève et découvre le magnifique spectacle d'un coucher de soleil sur les icebergs. J'enfîle ma veste en vitesse, prend l'appareil photo et fonce dehors avant de me rabattre sur le bridge où il fait tout de même moins froid. Le spectacle est grandiose et j'assiste a ce qui devrait rester longtemps mon plus beau coucher de soleil.

les nuages s estompent iceberg 1 Bateau et lumiere iceberg 2 iceberg 3

Bien difficile de dormir dans ces conditions, la nuit n'est jamais noire, j'ai des images et des récits plein la tête, et puis un débarquement est possible a toute heure et cela perturbe d'autant plus ma nuit.

Il est fait rudement froid le lendemain matin mais beau. Enfin, juste -15 mais des vents de 70km/h. Mon petit challenge du jour est de tenir au sommet du bateau totalement au vent. Apres deux tentatives frigorifiantes, je finis par adopter le nombre de couches de vêtement requises et je suis seule au vent, des Adélie nagent le long du bateau dans un océan d'huile.

Terra Nova

Nous arrivons enfin en vue de la base italienne Mario Zucchelli, ex base de Terra Nova.

Me Terra Nova

Nous débarquons pour une visite rapide de la base dans l'après-midi. Le lendemain, cette base d'été ferme pour l'hiver et les derniers préparatifs sont en cours pour stocker tous les équipements pour l'hiver. Je me sens ridicule touriste au milieu de ces hommes en grosse combinaison rouge qui viennent de passer deux mois sur le continent mais je reste émue d'enfin voir une base antarctique.

Inexpressible island

minuit sur terre

Il est un peu moins de 20h lorsque nous arrivons pour la deuxième fois sur l'île Inexpressible après avoir fait demi-tour le matin à cause des conditions météorologiques. Le dîner suit sont cours lorsque Rodney nous annonce sa décision de profiter des bonnes conditions pour débarquer après le repas. Vers 22h, les premiers zodiacs sont à la mer et nous débarquons sur ce bout d'île pour découvrir les restes du campement de fortune de l'équipe de Campbell, "The wicked Man". La marche sur la plage est fantastique, une plongée dans le silence, débris de manchots desséchés, galets d'argent. A minuit et ciel couvert, la lumiere est faiblarde et l'atmosphère est irréelle.

Le lendemain, nous reprenons la route vers le sud. Nous longeons pendant près de huit B15, l'important iceberg qui s'est détaché de la ross Ice Shelf il y a trois ans et bloque maintenant l'acces à McMurdo Sound. B15 a toutefois bougé depuis le mois dernier et il semble qu'un passage est possible. Pour la première fois, nous observons le bateau se cherchant un chemin entre les icebergs et ouvrant les glaces par succession de bangs sourds.

Scott's hut

Le lendemain, le temps s'est dégradé et nous devons attendre patiemment. Le bateau dérive doucement et nous croisons les premiers empereurs. L'après-midi, les vents sont toujours forts mais il est possible d'approcher le bateau près de l'île de Ross et de la hutte de Scott. Vers 18 heures, je pénètre dans la hutte. Impressionnant retour sur un passé atroce.

Ross Island en vue le capitaine veut nous debarquer au sec! un des couchers de soleil de la journee le bateau scott hut -interieur scott hut - interieur depuis Scott hut Scott hut - exterieur vue de scott hut - l'île

Boîtes de conserve, matériel photo, médicaments, vêtements, petits détails concrets qui rév&egarve;lent l'horreur du quotidien qui évoquent une aventure si lointaine et si proche. Le cycle de conférence et cette visite historique donne un sens profond à ses paysages à la Duhrer.

Retour sur le bateau pour un repas gargantuesque. Pour la première fois depuis le départ, j'ai enfin la sensation d'avoir l'estomac plein et je comprends l'importance d'un repas suffisamment copieux.

Shackleton's hut

Pendant ce temps, le bateau s'est rapproché de la hutte de Shackleton et Rodney propose un débarquement vers 22 heures. Il nous faut marcher sur la banquise pour éviter une zone de protection de la faune. Délicieuse sensation que de marcher sur l'océan gelé. Je m'émerveille de la magnifique cohorte qui évolue en file presque parfaite sur le trajet sondé au préalable par la famille Russ, une file digne de la meilleure colonie de pingouins (je craque, maudit francais qui appelle ces 17 espèces d'oiseaux manchots) !

debarquement a 22h vue de la hut toîlettes australes hut et adelie NB Adelie interieur Eau forte retour sur le bateau Fin de la journee Bonjour, il est 2 heures

Nouvelle émotion que de pénétrer dans la hutte du Boss, Schakleton, hutte bien gardée par la colonie de manchots Adélie la plus australe du monde, Adélie qui se confondent dans le paysage, Adélie en grave péril de survie car B15 leur bloque tout accès à la mer salvatrice.

L'atmophère du retour est une fois de plus irréelle avec un coucher et lever de soleil somptueux.

Les empereurs de la glace

Le temps change à nouveau. Les conditions météo sont trop mauvaises pour essayer l'hovercraft et tenter d'attendre la base de McMurdo. Une nouvelle matinée d'indécision et d'attente commence.

L'après-midi débute par la projection d'une vidéo sur les manchots empereurs quand soudain le bateau butte sur un groupe de ces derniers. Une trentaine d'empereurs luttent contre le blizzard puis partent à la pêche dans les eaux rechauffées autour de notre bateau. Le spectacle est époustoufflant. quelques orques attirés par les manchots passent aussi près de nous. Nous passons trois heures à observer les oiseaux avant de reprendre la route vers le nord.

Empereur Empereur Empereur Empereur Empereur

Les conditions meteorologiques ne s'améliorent pas, il faut dire qu'il y a une grosse tempete sur Cap Adare au même moment.

Cap Bird

Un dernier débarquement est organisé avant de reprendre la longue route vers le nord. A Cap Bird, nous avons une dernière occasion de voir des Adélie et des skuas et tout simplement de se rouler dans la neige.

Preparation des naiades bateaux Skuas Adelie

Ross Ice Shelf

Nous longeons C16 pendant une heure ou deux, je ne sais pas exactement. C16 est un énorme iceberg de 150 kilomètres de long qui s'est détaché de la Ross ice shelf. Naviguer tout prêt de cette muraille de glace est un moment franchement impressionnant. Essayer d'imaginer le défilement quasiment ininterrompu de cette muraille sur près de 500 kilometres dépasse mes capacités.

Captain C16 C16 C16 C16 C16

Le retour

Mais la houle qui se casse le long de la muraille C16 provoque un roulis bien peu agréable et envoie la plupart des passagers au lit. J'ai le malheur d'essayer un nouveau médicament qui va se réveler toxique pour moi. C'est le début d'un long marasme de près de six jours qui ne va pas me laisser beaucoup de répit.

Campbell Island Glace Cap Hallet apres la tempete Glace

Nous repassons par Cap Hallet mais la glace est encore plus dense et il n'est pas concevable de s'y arrêter. Cap Adare est désormais recouvert de neige et a pris l'aspect noir et blanc qui nous est familier.

dernier iceberg - sunrise

J'observe mon dernier iceberg dans un beau lever de soleil. Et puis je commence le grand retour dans le néant. Je ne sors presque plus de mon lit avant d'arriver sur Auckland Island.

 

 

I cannot conclude this carnet without a very special thanks to Rodney, Baden, Nathan, John, Robert, Allan, Frank & AnneLise, Margaret & Peter, Sam & Owen, Lorna & Kevin and Sally for their smile, energy and enthousiasm.

 

Mot du retour

Voila, de nouveau la terre ferme. Fini la mer et son corrollaire le mal de mer. En fait, cet intermède douloureux est déjà oublié - mais la prochaine fois, je compte bien prendre l'avion ou alors augmenter fortement mon temps sur place. Dernière photo de groupe et je me retrouve seule avec mon sac à dos. Finis les réveils matin de Sarah "Shine and Rise, it's 7h30, breakfast will be ready in 30 minutes". Finis les programmes modifiés par la météo, les débarquements à minuit, l'optimisme naturel de Rodney qui nous console au micro en nous proposant d'imaginer les montagnes à travers le blizzard de Cap Hallet. Finis les petits plats de Nathan et John et les breakfasts anglosaxons.

Dans les pas de Scott et Shackleton, j'ai vécu le début d'une rencontre avec un continent magique. Des heures à lutter contre le mal de mer et le froid, la plénitude dans un environnement tourmenté et la rencontre d'hommes admirables, ceux qui puisent au fond d'eux-mêmes pour vivre de et pour le continent de la paix et des sciences, tout ce qu'aucune photo ne pourra jamais transmettre.

Je jette un coup d'oeil à ces quelques photos et je revis des moments hors du commun avec les 84 hommes et des femmes peu ordinaires du bateau. Une formidable lecon d'optimisme, d'éternel émerveillement devant les beautés du monde, de capacité à lutter contre la fatigue, le froid, l'âge pour aller jusqu'au bout de ses passions.

Et dire que nous n'avons découvert que la porte d'entrée d'un continent de superlatifs !

J'avoue, je reste malgré tout encore partagée sur l'accàs au tourisme de cette région du monde. Rodney et son équipe ont réussi me semble-t-il à transmettre un véritable respect pour ces terres et les hommes qui les ont conquises. Leur force est un exemple et ils ont su insuffler au séjour un esprit bien plus expédition que croisière. Le cycle de films et conférence, l'accès à des hommes qui ont dédiés leur carrière à ce continent est un apport inestimable pour ce type de voyage. Comment peut-il en être de même sur les paquebots de luxe qui envahissent la péninsule Antarctique pour une journée découverte ? Je regarde avec une légere inquiétude l'évolution de ce tourisme de niche pour l'instant étroitement surveillé par l'IAATO et par l'Organisation du Traité de l'Antarctique qui définit les règles de conduite sur le continent, organisation non affiliée à l'ONU au destin si fragile.

 

Il est tant de revenir sur la terre. Il fait un temps superbe à Invercargill et à nouveau une palette de couleurs s'étale sous mes yeux.

Si vous êtes arrivés à ce niveau du carnet, j'imagine la question qui trotte toujours dans votre tête. Il n'y a pas de bonne réponse à cette question. Toucher à un monde qui nous dépasse n'a pas de prix et quand on n'a pas encore trouvé la force, la volonté, le courage en soi pour tout remettre en cause et travailler sur le continent ou lancer un défi capable de faire rêver les foules sur celui-ci, alors, on n'a pas le choix, on évalue le coût et le prix de la prestation et on transfert ses réserves financières sur le compte d'Heritage, quitte à vivre en backpacking strict pendant un an.

La suite, c'est un petit tour en Nouvelle-Zélande, quelques trop courts jours à Singapour et me voilà pour une petite semaine au Japon, merci les billets tour du monde pour cette surprise de dernière heure!

 

 
 


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