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JaponDu 10/03/05 jusqu'au 20/03/05 |
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Surprise à Kuala Lumpur quand je découvre en achetant mes billets "Tour du Monde"que je peux sans débourser plus faire un petit stop au Japon. Après six mois de voyage ou presque, je me souviens encore de mon excitation de l'époque à l'idée de passer par le Japon, destination que j'avais écartée pour diverses bonnes raisons. De Singapour, je n'oublie pas mes réflexes néo-zélandais et avant de décoller, je téléphone à une auberge de jeunesse de Tokyo pour réserver un bout de lit. Je ne sais pas vraiment où je vais atterir dans la tentaculaire métropole mais il me semble préférable de me garantir un lit à un prix raisonnable (20 euros en dortoir). Voila, c'est parti. Apres une nuit plutôt confortable étendue sur trois sieges d'avion puis sur un canapé de l'aéroport de Séoul, me voici enfin à Tokyo. J'en ai beaucoup entendu parler, j'ai vu beaucoup de photos mais je me demande tout de même ce qui m'attend. Ce qui m'attend, c'est tout d'abord une redécouverte brutale de l'hiver. Il fait froid et il pleut et pour la deuxième fois en moins de trois mois, mes os regrettent amèrement la chaleur de Singapour. Mais comme c'est la deuxième fois, je me reprends vite. En route. Premier objectif : de l'argent avant d'aller en ville. Vous me direz facile. Eh bien, non. Ce qui ne m'a posé aucun problème jusque-là me prend vingt bonnes minutes ici à lutter contre les distributeurs en japonais et uniquement locaux. Bref, après quatre tentatives en quatre machines, me voici fin prête pour affronter d'autres distributeurs, ceux des billets de train. Tokyo![]() Je décide de me rendre à la gare principale de Tokyo qui semble être le point central du réseau de transport de la ville et qui abrite d'après les sites web un office du tourisme. Pas le choix que d'y passer quand on a choisi de voyager sans guide touristique. Celui-ci ne s'avère pas si près que cela et plutôt bien caché des touristes, au neuvième étage d'un immeuble. Pourquoi pas ? J'y récolte tout de même quelques précieuses cartes et guides qui vont me permettre de décider où aller dans les jours qui viennent. Il pleut à verses et il est désormais près de cinq heures, je décide de me rendre à l'auberge de jeunesse dont j'ai repéré la station de train. Cela fera assez d'émotions pour la journée.
Le véritable choc, c'est en découvrant le "dortoir", belle chambre de la surface de sept tatamis et meublée d'une sobre table basse. Chambre typiquement japonaise mais peu adaptée à ma notion de dortoir. Seule occupante des lieux, je dors très bien sur mon matelas. Ce ne sera pas vraiment le cas au retour sur Tokyo, où à quatre, on se tient un peu trop chaud. Ce n'est que le lendemain que je pars à la découverte de Tokyo. Je commence à déambuler entre les grandes avenues larges, colorées et grouillantes et les petites rues latérales pleines des petits métiers d'autrefois. Partout les fils électriques et téléphoniques ajoutent à l'impression de désordre. Et pourtant une certaine harmonie se dégage de ce tableau. Il faut dire que c'est une belle journée d'hiver. De Asakusabashi, je remonte doucement via les rues spécialisées en commerce de gros des jouets puis des éléments de cuisine vers le vieux quartier de Asakusa dont le centre est le temple de Karrimon. Je dois m'habituer à nouveau aux foules et à composer les photos avec des dizaines de touristes japonais affublés d'appareils photos plus gros qu'eux et de téléphones mobiles omniprésents. Je suis interloquée par le nombre de japonais qui portent des masques, par les japonaises en traditionnels kimonos qui me paraissent si légers alors que j'ai si froid, par le mélange de traditions pseudo bouddhiques-shintoïques qui se mêlent aux diseurs de bonne fortune dans les temples. La ferveuse superstitieuse ne semble égalée ici que par l'amour pour les machines de jeux, autres temples de la ville qui concentrent les populations japonaises. Je finis la journée par les quartiers aux tendances plus futuristes : la ville électrique d'Ahibara qui concentre une quantité impressionnante de vendeurs de tout type de biens électriques, puis à l'autre bout de la métropole, Shinjuku, le quartier des affaires et des hautes tours et enfin Shibuya, le quartier de la jeunesse excentrique de Tokyo. Je mange dans les petits restaurants pas chers et découvre que l'on peut manger fort correctement pour à peine cinq euros, merci l'euro cher. Je découvre aussi avec plaisir et surprise, dans un petit coin de métro, un superbe gateau au chocolat digne de nos bonnes vieilles pâtisseries. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() J'apprécie énormement cette journée même si je suis épuisée et gelée. Tokyo n'est plus le monstre de mon imaginaire. C'est, comme toute énorme métropole, une succession de quartiers aux charmes et fonctions distincts. Je n'en ai traversé que quelques-uns. J'ai la même sensation qu'à Pékin : désormais, pour rentrer vraiment dans les entrailles de la ville, il faudrait bien plus que quelques jours. ![]() ![]() Dans la banlieue lointaine de Tokyo, au plutôt d'ailleurs dans un village environnant, entouré par les montagnes enneigées, je visite Nikko par une autre belle après-midi d'hiver. Mon arrivée tardive sur les lieux et la fermeture précipitée à mon goût ne me permet pas toutefois de découvrir tranquillement le temple de Togushano. Reste qu'il est particulièrement plaisant de se balader dans un temple magnifiquement entretenu et recouvert de neige. ![]() L'autre mission importante remplie à Singapour avant d'arriver au Japon : l'achat du Japan Railway Pass, l'arme redoutable du voyageur fou qui permet d'utiliser et d'abuser du fantastique réseau de trains japonais pendant sept jours consécutifs pour un prix somme toute modeste. Pas besoin d'acheter de billet, le sésame ouvre les portes et le sourire des contrôleurs. Avec un train toutes les vingt minutes - et même plus pour les Nozomi, les super-TGV qui ne me sont pas ouverts avec mon pass, il est plus facile de faire un Tokyo-Kyoto que de rejoindre un endroit proche de Tokyo comme Nikko. KyotoKyoto, capitale du Jpon pendant un bon millénaire avant d'être supplantée par Tokyo, Kyoto est désormais une ville de taille moyenne selon les standards locaux. Ce n'est pas une jolie ville selon moi. J'ai du mal à comprendre la réelle différence entre les rues de Tokyo et les rues de Kyoto mais les unes ont le charme de l'hétéroclite ou de l'unité, alors que les autres n'en ont que l'apparence. Mais peu importe finalement, c'est une ville où il fait bon vivre, entourée de parcs et munie d'un patrimoine historique et culturel immense et inégalé. Je n'ai visité que quelques temples et palais de la ville mais il ne me semblait pas décent dans un si court laps de temps d'en voir plus. Je suis extrêmement marquée par la beauté, la paix, la pureté et l'harmonie entre les temples et les jardins qui les entourent. La douce fragilité des lignes de ces bâtiments de bois tranche avec nos sombres et massives cathédrales de pierre. Loin du cartésianisme assommant de nos jardins à la française, l'intégration parfaite des bâtiments et d'une nature fictivement indomptée, dure et triste et pourtant extrêmement travaillée est un défi pour l'esprit qui les contemple. Une culture en décadence et en déperdition s'étale devant mes yeux, un autre système de pensée complémentaire du mien. Dans les jardins de Kyoto, s'exprime la fascination qu'exerce un Japon révolu comme à Versailles celle de la France. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Je me perds dans le nom des temples. Pour cette brêve découverte du Japon, ils n'ont que peu d'importance pour moi car de toute façon, je ne comprends pas leur signification en japonais. Je finis ma première grande journée découverte par le spectacle des geishas de Gion qui se rendent sur le lieu de travail dans leur costume traditionnel, comment sinon pourrais-je les reconnaître, me direz-vous ! Devant tant de beauté et sans crier gare, mon appareil photo rend l'âme. Je suis désormais contrainte de prendre des photos en équivalent 28mm uniquement, frustration au moment où je commençais à vraiment prendre du plaisir à jouer avec mon objectif mais peut-être aussi libération de la tyrannie exercée par ce dernier. NaraNara fut capitale du Japon avant même Kyoto. Petite et charmante ville, elle conserve quelques temples du temps de sa splendeur, le VIIeme siecle, disposés autour du parc aux biches. ![]() ![]() ![]() ![]() Il faut que je grave en dur mes premiers instants à Nara. Après avoir remonté l'artère commerçante principale de la ville, j'arrive enfin en vue du complexe historique. Il me reste une rue à traverser. A côté de moi, un japonais costume trois pièces plus tout jeune, cartable sous le bras. Il semble fatigué et impatient. Le feu piéton passe enfin au vert et je sens mon ami japonais devenir léger en traversant l'avenue. Quoi de plus normal, me dis-je, il va profiter de sa pause repas pour se détendre dans le parc. Il finit presque la traversée en courant, pose son cartable et commande à une marchande un petit paquet de biscuits à distribuer aux habitantes quémandeuses du parc. Il est rapidement entouré d'un troupeau de biches. Très sérieux, il offre en quelques secondes son paquet et en commande un autre puis un suivant puis un suivant et éclate enfin d'un large sourire en faisant aux bêtes un geste qui dit "c'est fini, il faut que je parte". Toujours décidé et à nouveau sérieux, il reprend sa sacoche, fait mine de partir, revient en arriere et finalement craque et rachète un autre paquet. Tout sourire, il discute deux minutes avec la marchande et repars enfin au travail. Cinq minutes de bonheur dans un monde de brutes. HiroshimaHiroshima, jolie et toute jeune ville qui est née des cendres de la vieille Hiroshima dont il ne reste pas grand chose, si ce n'est le Dome A, préservé comme monument historique en souvenir de la premiere bombe nucléaire répandue sur des civils. Un devoir de mémoire et de réflexion. Dès mon arrivée, Shigeiko à qui je demande mon chemin, me propose de me montrer la ville. Nous visitons ensemble un jardin japonais typique puis avec la pluie arrivant, elle me dépose à l'auberge. ![]() ![]() ![]() ![]() Fatiguée de ces longues journées dans le froid, j'ai besoin de faire une pause. J'apprécie les cinq heures de train, bien assise au chaud, de retour sur Tokyo. Le mot de la fin![]() Il n'y a même pas un mois, je me disais en observant et écoutant les manchots empereurs qu'il serait dur de retrouver une émotion pure d'émerveillement. Et puis voila, je suis arrivée au milieu des jardins de Kyoto, pureté d'une nature extrêmement travaillée par l'homme. Je repars de ce petit séjour avec un nouveau lot de questions à résoudre mais surtout la démystification du japonais photographieur, seul cliché que l'on voit trop souvent dans les rues de Paris. J'ai frôlé un peuple contrasté, charmant et vulgaire, timide et violent, spirituel et superstition, bourreau et victime, opprimé et libéré, en un mot, facilement attachant. J'ai particulierement apprécié l'aide souvent spontanée des japonais et japonaises pour m'orienter dans les rues et même essayer de me faire découvrir des petits détails de leur pays. J'ai apprécié également leur fascination réciproque pour notre pays, qui se traduit par un nombre important de références a la culture française. Ne trouve-t-on pas une boisson griffée Fauchon dans les 7 Eleven de Tokyo ! La suite, c'est un retour douze ans après aux Etats-Unis pour quatre petits jours à Los Angeles, juste pour passer les douanes et démystifier le grand méchant loup avant d'attaquer le Guatemala.
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